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Chômage partiel : Déjà plus de 10 millions de Français concernés

Les chiffres évoluent sans cesse. Chaque jour, des personnes supplémentaires sont rattachées de droit au dispositif de chômage partiel mis en œuvre par le Gouvernement depuis le début du confinement.

En réponse à la crise, l’exécutif présente ce dispositif comme « le système le plus protecteur d’Europe sur le front de l’emploi ». Au 21 avril, ce sont ainsi pas moins de 10,2 millions de Français qui bénéficient de la mesure permettant d’éviter (du moins pour l’instant) des licenciements directs, massifs et brutaux. 821 000 entreprises ont jusqu’ici demandé à pouvoir bénéficier de la mesure. Un chiffre éloquent à comparer aux 164 demandes enregistrées au début du mois de mars… ! Une hausse du nombre de bénéficiaires qui à son explication : « Il continue d’y avoir une augmentation jour après jour. J’avais donné aux entreprises jusqu’au 30 avril pour faire leur déclaration car, pour les petites entreprises notamment, c’est quelque chose de nouveau. Il y a donc un effet rattrapage » a précisé la ministre du Travail, Muriel Pénicaud (BFM Business, le 21 avril).

Ce nombre devrait encore fortement augmenter à partir du 1er mai avec l’arrivée de plus de 2,7 millions de salariés qui jusqu’à aujourd’hui étaient sous le régime de l’arrêt maladie indemnisés pour assurer la garde de leurs enfants (2,3 millions) ou parce que considérées comme des personnes vulnérables (400 000). A partir du 1er mai, l’ensemble de ces personnes seront alors placées sous le régime de chômage partiel avec une indemnisation à hauteur de 84 % de leur salaire net (et même 100 % au niveau du smic). Au final, au 1er mai, on pourrait atteindre 13 millions de salariés concernés par le chômage partiel, voire plus si le nombre de demandes progressait parallèlement, certains établissements pouvant alors être contraints de revoir leur plan de charge.

Et après le 11 mai ? Le chômage partiel ne sera pas abandonné du jour au lendemain, « sinon il y aura des catastrophes, mais ça va être dégressif » a admis la ministre du Travail.

Selon les données recueillies, ce sont les plus petites entreprises, celles de moins de 50 salariés, qui ont eu le plus recours à la mesure de chômage partiel (57 % des demandes). Les grandes entreprises, aux reins plus solides, ne font que peu appel au dispositif : on ne compte que 17 % de salariés au chômage partiel dans les entreprises de plus de 250 personnes. « La trésorerie des grandes entreprises permet d’avoir une capacité plus importante à gérer le trou d’air du confinement. Elles disposent également de salariés qui peuvent, par la nature de leur activité, être mis en télétravail plus facilement, ce qui diminue le recours au chômage partiel. Par ailleurs, le confinement est total dans certains secteurs où se sont majoritairement des TPE-PME qui opèrent » précise Stéphane Carcillo, chef de la division emploi et revenus à l’OCDE.

Pour ce qui est des secteurs d’activité concernés, peu ou pas de surprise. Ce sont en priorité les établissements de commerce et de réparation automobile qui ont eu recours au dispositif de chômage partiel (23 %). Sont ensuite concernées les activités de services spécialisés, scientifiques et techniques (13,9 %), la construction (13,7 %) et l’hébergement et la restauration (13,5 %, soit neuf salariés sur dix). Enfin, dans le BTP, ce sont 93 % des salariés, soit plus de 1,2 million de personnes, à être au chômage partiel. 

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