Print this page

Covid-19 : selon une étude de l’Institut Pasteur, près de 6 % des Français seraient infectés

Des chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS, en collaboration avec l’Inserm et Santé Publique France, ont réalisé une analyse détaillée des hospitalisations et des décès dus au Covid-19 en France et construit des modélisations à partir de ces données. Il ressort que moins de 6 % des Français ont été infectés par le virus. Un taux très largement insuffisant pour éviter une deuxième vague épidémiques.

Interrogé par l’AFP, Simon Cauchemez, l’auteur principal de l’étude est formel : « Pour que l’immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70 % de personnes immunisées. On est très en-dessous ». L’étude de l’Institut Pasteur montre en effet que seuls 6 % des Français seraient infectés pat le coronavirus. L’étude montre également que ce qu’on appelle le nombre de reproduction (R0), qui indique le nombre de personnes infectées par chaque malade, est passé de 3,3 en début de confinement à 0,5. Cela a conduit à une réduction du nombre journalier d’admissions en réanimation de 700 en fin mars à 200 en mi-avril. La mise en place des mesures de confinement depuis le 17 mars avec pour objectif de réduire significativement la circulation du virus dans la population et éviter une saturation des services de réanimation aurait ainsi prouvé son efficacité.

L’objectif de cette étude est aussi de fournir des éléments documentés de compréhension « pour estimer le niveau de circulation du virus dans la population, d’évaluer le risque de développer une forme grave de la maladie, et de disposer d’indicateurs de mesure de l’impact des efforts de lutte actuels ». « Dans un contexte de grande incertitude, ces analyses de modélisation permettent de mieux comprendre cette épidémie et l’impact du confinement sur la propagation de SARS-CoV-2 » explique encore Simon Cauchemez.

Les résultats de l’étude montrent qu’en France, le risque d’hospitalisation est de 2,6 % pour les personnes ayant été infectées par le Covid-19. « Ce risque augmente fortement avec l’âge pour atteindre 31 % chez les hommes de plus de 80 ans » précise l’étude. Le taux de mortalité chez les personnes infectées est de l’ordre 0,5 % (13 % chez les hommes de plus de 80 ans). La probabilité de décès est 45 % supérieure chez les hommes infectés que chez les femmes infectées, avec un différentiel qui augmente avec l’âge.

Pour ce qui est du taux d’immunité, même si les effets du confinement semblent montrer leur efficacité, rien n’est encore gagné. On en est même loin. Il ne faut surtout pas baisser les bras, ni même se relâcher laisse entendre l’institut. En effet, si la tendance observée par les travaux de modélisation de l’Institut Pasteur devait se poursuivre, « le nombre journalier d’admissions en réanimation en France devrait se situer entre 10 et 45 au 11 mai 2020, date annoncée de la levée du confinement ». On est ainsi passé de 771 entrées en réanimation le 1er avril, soit deux semaines après l’entrée en vigueur du confinement et au plus fort de la crise à 206 entrées en réanimation le 18 avril. Selon les modélisations de l’Institut Pasteur et dans le respect strict des mesures de confinement, au 11 mai, le nombre d’entrées en réanimation serait entre 10 et 45 par jour. « A cette date, près de 6 % des Français devraient avoir été infectés par le SARS-CoV-2, avec une proportion plus importante en Ile-de-France (12,3 %) et dans le Grand Est (11,8 %) » précise l’étude qui prévient toutefois que ce niveau d’immunité est « très inférieur au niveau nécessaire pour éviter une seconde vague » si toutes les mesures de contrôle devaient être levées. En effet, l’immunité collective nécessaire est actuellement estimée à 70 %. « Par conséquent, des efforts importants devront être maintenus au-delà du 11 mai pour éviter une reprise de l’épidémie ».

Pour autant, l’Institut Pasteur se garde bien de tout triomphalisme. « Après une baisse initiale importante, les admissions en réanimation stagnent depuis plusieurs jours » constate Simon Cauchemez sur Europe1. « La difficulté qu’on a pour bien comprendre cette épidémie c’est que l’on voit la partie immergée de l’iceberg. Beaucoup de personnes infectées ont des symptômes peu sévères et qui ne vont pas être détectées par nos systèmes de surveillance ». Ce qui pourrait remettre en cause les résultats de l’étude. 

Les résultats de cette étude sont à retrouver sur le site de l’Institut Pasteur : https://hal-pasteur.archives-ouvertes.fr/pasteur-02548181

Au 19 avril 2020, on recense en France, plus de 19 000 décès liés au coronavirus.

766 K2_VIEWS