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Gendarmerie : Fermer les brigades de moins de 10 gendarmes serait une erreur

Par Philippe Paul, Sénateur du Finistère, Vice-président délégué de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées*

Des « ateliers d’idéation » conduits au cours de l’année ont abouti à 101 propositions que le directeur général de la gendarmerie nationale a soumises au ministre de l’Intérieur. L’objet de ces ateliers ? Réfléchir à l’avenir de l’institution.

Parmi ces propositions, il en est une, pour le moins radicale, qui envisage tout simplement de réduire le maillage territorial de la gendarmerie par un nouveau regroupement d’unités et la fermeture des brigades de moins de 10 gendarmes. Avec mon collègue Yannick Vaugrenard, co-rapporteur, nous avons clairement exprimé notre opposition à une telle évolution dans notre rapport sur les crédits de la gendarmerie du projet de loi de finances pour 2020. Elle n’aurait d’autre conséquence qu’une réduction de la présence de la gendarmerie en zone rurale et priverait la population d’un service public de proximité. A qui fera-t-on croire qu’en diminuant encore le nombre de brigades territoriales, le service rendu en matière de sécurité des biens et des personnes, de lutte et de prévention de la délinquance, et de renseignement sera plus efficace ? Il n’est pas inutile de rappeler qu’en dix ans, pas moins de 400 brigades ont disparu, leur nombre passant de 3 500 à moins de 3 100. Poursuivre ce mouvement, pour des raisons d’ordre budgétaire et une incapacité à entretenir et à rénover le parc immobilier de la gendarmerie (sans parler des moyens mobiles), présentées sous le couvert d’une démarche de « rationalisation des moyens », constituerait à nos yeux une grave erreur. Nous accueillons avec tout autant de réserves l’alternative d’une mutualisation avec d’autres services publics au sein de maisons « France Service ». S’il s’agit de soulager les forces de gendarmerie de tâches administratives, pourquoi pas ? Mais cette solution présente le désavantage sérieux d’ignorer la spécificité des missions et des conditions d’intervention de la gendarmerie, difficilement compatibles avec une cohabitation avec d’autres services publics. Aussi à cette option hybride, préférons-nous la proposition avancée par nos collègues Michel Boutant et François Grosdidier dans le rapport de la commission d’enquête sur l’état des forces de police et de gendarmerie publié l’an passé, soit un renforcement des moyens planifié de manière pluriannuelle, via une nouvelle loi de programmation de la sécurité intérieure. Grandement sollicitées ces dernières années face à la menace terroriste et à une délinquance de plus en plus dure, nos forces de sécurité, en particulier la gendarmerie, doivent être soutenues. Il est du devoir de l’Etat de leur donner les moyens nécessaires pour assurer la sécurité de nos citoyens. Cette exigence revêt aussi, il ne faut pas l’oublier, une dimension d’aménagement du territoire. Une diminution de la présence de la gendarmerie en milieu rural peut-elle être synonyme d’un aménagement équilibré du territoire ? Assurément non ! 

* Co-rapporteur pour avis des crédits de la gendarmerie.

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