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Pour des transports ferroviaires à la hauteur des enjeux de notre siècle

Par Sophie Auconie, Députée de l’Indre-et-Loire

Début octobre, un ancien magistrat de la Cour des comptes, François Ecalle, a rédigé une étude sur le coût de la SNCF. Ce dernier présente le bilan des subventions accordées par l’Etat et les Régions au groupe ferroviaire. Elles ont atteint près de 15 milliards d’euros en 2018 et représentent une moyenne de 224 e par Français, en dehors de l’achat de tout billet ou de carte d’abonnement.

L’objectif n’est pas de fustiger le coût d’un service public de transport, mais de s’interroger sur la pertinence et l’efficacité des sommes octroyées à la SNCF. En ce sens, les rapports annuels de l’Autorité de la Qualité de Service dans les Transports (AQST) pointent une augmentation du retard des trains depuis cinq années consécutives. L’année 2018 représente un record et pas uniquement à cause des mouvements de grève comme le précise l’AQST. Personnellement, j’emprunte chaque semaine la ligne Tours-Paris qui a été la troisième ligne la plus retardée sur cette même année. De ce fait, quand on regarde le niveau d’entretien des infrastructures, de la qualité des voies et du réseau, nous sommes en droit de nous demander où passent toutes ces sommes.

Pourtant, notre pays mérite aujourd’hui une véritable ambition stratégique sur le ferroviaire pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, face au réchauffement climatique, nous devons repenser nos mobilités. Les transports en France sont responsables de 30 % de nos émissions de gaz à effet de serre (GES). Sur la route, les voitures émettent 56 % des GES et 23 % pour les véhicules lourds qui ne représentent que le vingtième de la circulation. Il y a ici des efforts importants à réaliser ! Malheureusement le prix des billets de train et le service rendu aux usagers ne crédibilisent pas toujours le ferroviaire comme alternative. Pour aller au-delà de la question de la SNCF, il est également incompréhensible que le fret de marchandises ne soit pas davantage encouragé, à l’instar de la mise à l’arrêt, cet été, du Perpignan-Rungis.

D’autre part, je regrette que certaines lignes, en milieu rural, aient été laissées pour compte en supprimant des arrêts, des gares et la fermeture de guichets. Cette situation donne un sentiment de relégation face aux grandes villes qui sont, pour la plupart, connectées avec les TGV et possèdent des systèmes de transport en commun. Hélas, en ruralité il n’existe, aujourd’hui, d’alternative crédible à la voiture. Pourtant, je suis persuadée que nous avons des leviers d’innovation. Je travaille actuellement sur mon territoire au développement d’une ligne à haut niveau de service entre Loches et Tours en misant sur les trains plus légers et/ou fonctionnant à l’hydrogène et donc peu polluants.

Aujourd’hui des solutions existent et les moyens qui vont avec. La loi d’orientation sur les mobilités a fixé un cadre pour l’avenir et un programme pluriannuel européen devrait participer à financer ces projets. Et là où il y a une volonté, il y aura un chemin… ferré. 

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