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Iles Éparses : ne pas se tromper !

Par Philippe Folliot, Député du Tarn*

La récente visite du Président Malgache, Monsieur Andry Rajoelina, a eu pour conséquence de relancer de manière aussi surprenante qu’inattendue le débat sur le statut de nos îles Éparses.

Alors que le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est engagé sur un processus de concertation autour d’une commission mixte, et non sur un résultat, certains ont cru y voir le début d’une perspective de cogestion voire de rétrocession… « Prendre ses désirs pour une réalité », pour qui que ce soit, n’a jamais fait une politique !

On peut d’abord s’interroger : pourquoi cette question ressort-elle maintenant et sous cette forme ? De très très brillants diplomates du Quai d’Orsay, courageux comme on ne peut l’imaginer, ont eu la lumineuse idée de souffler à l’Exécutif que la décision de l’ONU sur Chagos aurait pour conséquence d’affaiblir singulièrement la position de la France dans la région.

Les revendications plus ou moins affirmées de Madagascar sur les Éparses, de Maurice sur Tromelin... sont connues mais totalement illégitimes !

Au-delà, dans le contexte politique actuel, est-il raisonnable d’offrir un angle d’attaque aux extrêmes ? Selon moi, de tels scénarios impensables ne se produiront jamais et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, les îles Éparses, découvertes inhabitées au XVIIIème siècle, tout comme les seules occupations connues au début du XXème siècle (exploitations Guano…) l’ont été par des Français. En conséquence de quoi, seul le pays qui les a découvertes et ponctuellement occupées, la France, peut légitimement en revendiquer la souveraineté.

D’autre part, jusqu’à ce jour, la position de la France est solide. Parce que notre présence dans les Éparses est permanente et effective (détachements militaires et scientifiques, positionnement régulier de la Marine et de l’Armée de l’Air sur zone), nous assurons une souveraineté Française réelle et efficace.

Au-delà, la Constitution est claire, la France est une République une et indivisible. Toute atteinte à l’intégrité territoriale du pays ne peut se faire que par un vote d’autodétermination des populations concernées (ce qui en l’occurrence ne peut être le cas car il n’y a pas d’habitants permanents) ou par décision du Parlement.

Par exemple, comme cela a été le cas en 2013 et 2017, où nous avons, par deux fois, repoussé la ratification de l’inique traité de cogestion de Tromelin avec Maurice, le Parlement en général et l’Assemblée nationale en particulier ne s’en laissera pas compter et sera particulièrement vigilante et opposée si besoin en la matière. Un collectif de députés, toutes tendances confondues, est en train de se constituer pour veiller à ce que les intérêts fondamentaux de la Nation en la matière soient effectivement respectés.

Par ailleurs, nombre de spécialistes savent que le Canal du Mozambique sera la mer du Nord du XXIème siècle avec de gigantesques ressources de gaz et ce plus particulièrement dans la ZEE de l’île Française de Juan de Nova. Peut-être peut-on trouver là le début d’une explication à cette soudaine poussée d’intérêt sur ces îles. Aussi, tout le monde aura compris que Madagascar est totalement indépendante de grandes puissances asiatiques mues par des seuls objectifs et intérêts … environnementaux !

En dernier lieu, dans un monde toujours plus instable et dangereux, où l’avenir se jouera pour beaucoup dans la maîtrise et l’exploitation raisonnée des ressources des mers et océans, avoir le deuxième domaine maritime au monde (et ses 11 millions de km2) est une chance considérable pour notre pays et pour… l’Europe ! Alors qu’américains, chinois, russes … « bétonnent et sanctuarisent leurs possessions » et se projettent dans les enjeux géostratégiques de demain, la France peut-elle laisser débuter le démantèlement de son territoire ?

Notre réponse est non. Elle sera, je l’espère, confirmée par la commission mixte, dans quelques mois, et soyez en sûr, la représentation nationale jouera son rôle plein et entier. 


* En décembre 2015, Philippe Folliot s’est rendu sur l’île de Tromelin. Il était alors accompagné à l’époque par les députés Laurent Furst et Jean-Luc Bleunven, du sénateur Christophe-André Frassa, de Cécile Pozzo di Borgo, Préfète des TAAF, et de Laurent Garnier, Ambassadeur de France à l’île Maurice. Cette visite parlementaire qui constituait une première dans l’histoire de Tromelin s’inscrivait dans le droit fil du combat mené par Philippe Folliot et ses collègues parlementaires pour le maintien d’une souveraineté pleine et entière sur tout le territoire de la République.

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