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Îles Eparses : vers la fin du contentieux ?

En visite officielle en France fin mai, le président malgache Andry Rajoelina s’est entretenu avec le président Emmanuel Macron. Ensemble ils ont convenu et annoncé la mise en place d’une commission mixte pour « régler le problème des îles Eparses ».

“Aujourd’hui, il y a une réalité qui nous fait mal. L’appartenance des îles Eparses est une question d’identité nationale” a affirmé le président malgache Andry Rajoelina au cours de la conférence de presse conjointe donnée à l’Elysée le 29 mai. « Il faut trouver une solution, a-t-il poursuivi, et c’est dans ce sens qu’au nom du peuple malgache je demande solennellement et officiellement à M. le président de trouver une solution pour la gestion ou la restitution des îles Eparses à Madagascar ». La réponse diplomatique d’Emmanuel Macron a été de promettre une poursuite du dialogue « pour aboutir à une solution commune ». « Le sujet mérite mieux que de recours juridiques, des contentieux et un mauvais débat. Nous allons lancer un travail conjoint pour aller vers une solution de développement commun dans la zone économique actuelle » a ajouté le Chef de l’Etat. Une commission mixte devrait voir prochainement le jour avec pour objectif la finalisation d’un accord d’ici le 60ème anniversaire de l’indépendance malgache, le 20 juin 2020.

Placées sous l’autorité de l’administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), ces îles situées dans l’Océan indien sont au nombre de cinq : Bassas da India, Juan de Nova, Europa dans le canal du Mozambique, les Glorieuses et Tromelin à l’est de Madagascar. Elles représentent 53 km2 et n’ont aucun habitant. Mais la France y est toutefois présente en permanence avec les rotations tous les 45 jours, sur les îles principales, de détachements militaires et d’un gendarme. Conservées françaises à l’indépendance de Madagascar en 1960, les îles Eparses ne sont pourtant revendiquées par la Grande île que depuis les années 70 - elles le sont aussi par les Comores et Maurice. En 1979, les Nations-Unies invitaient déjà « le gouvernement français à entamer sans plus tarder des négociations avec le gouvernement malgache en vue de la réintégration des îles Eparses qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar ». Ce n’est finalement que 40 ans plus tard que les négociations vont réellement s’ouvrir.

Pour la France qui on l’aura compris à demi-mot n’entend pas abandonner ses confettis aussi facilement, l’enjeu est tout à la fois stratégique et économique. Situées dans le canal du Mozambique très fréquenté, cette présence nous permet d’avoir un œil sur ce qui se passe dans cette zone. Mais surtout, la présence d’hydrocarbures dans les fonds marins de la ZEE attise les convoitises, et notamment celles de Madagascar. Au-delà du symbole national, la position de fermeté affichée par le président Rajoelina pourrait lui permettre, à défaut d’obtenir la pleine et entière souveraineté des îles Eparses, de négocier de belles contreparties financières. Réponse dans un an. 

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