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“Le département reste un échelon inévitable !”

Entretien avec Patrick Septiers, Président du département de la Seine-et-Marne

Patrick Septiers, Président du département de la Seine-et-Marne a souhaité nous montrer à quel point le département reste une collectivité à laquelle ses administrés tiennent. Et d’autant plus dans son territoire très rurbain et situé au sein d’une grande région abritant la métropole parisienne. Pour lui la question n’est pas tant centrée sur les compétences mais sur la liberté d’action et de gestion. Car, selon lui, les Seine-et-Marnais réclament l’action de leur département. C’est la collectivité qui représente leur bassin de vie, et qui doit proposer les services publics dont ils ont besoin.

Quelle est l’utilité du département ?

Il reste inévitable ! Même sur nos anciennes compétences. Prenons le développement économique : dans un territoire aussi vaste et hétérogène que le nôtre, les petites intercommunalités ou celles éloignées de Paris passent par notre agence d’attractivité pour contacter la Région.

Pour vous, qu’est-ce que l’échelon de proximité ?

C’est d’abord un sentiment d’appartenance des habitants. Sur une étude demandée à l’Ifop en janvier, 70 % des sondés se déclaraient attachés à notre département et 71 % satisfaits de notre action. Parmi nos maires, 93 % sont satisfaits de notre action dans leur commune et 85 % opposés à la suppression du Conseil départemental. Ceci, et « nos gilets jaunes » nous montrent que les gens font bien la différence entre l’État dont ils ne se sentent plus écoutés et leur Conseil départemental.

Un exemple concret ?

La limitation à 80 km/h. Une décision sans concertation. Les gens sont mécontents. Dans la partie rurale de notre département il n’y a pas d’alternative à la route. Nous aurions pu facilement mettre en place différentes zones et de nombreuses limitées à 90 km/h sans danger. Voilà concrètement le rôle de l’échelon de proximité qui connaît ses territoires.

La voirie est donc un enjeu majeur pour vous ?

Oui et nous dépensons 60 millions d’euros tous les ans pour améliorer les 4330 km de voirie départementale. En 2015, nous étions au 88ème rang pour son état. Aujourd’hui nous avons remis en bon état et sécurisé 1/3 du réseau, il en reste 2/3.

Quel est votre avis sur la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) ?

Nous sommes très peu au courant. Nous avons proposé à ADP qu’une convention soit signée afin de pouvoir accompagner un développement qui va se faire essentiellement en Seine-et-Marne. Par exemple pour la voirie. Je m’appuie sur l’expérience vertueuse d’une convention signée avec Euro Disney.

Pour les habitants de Seine-et-Marne qui travaillent à Paris, les transports sont un sujet majeur de qualité de vie. Comment agissez-vous quant au problème de la saturation ?

L’Etat s’était engagé sur le financement des travaux des lignes P et R, ce sont finalement la Région et le département qui l’ont avancé. Au-delà, il y a une vraie question structurelle : l’impossibilité d’ajouter toujours plus de sillons d’arrivée à Paris.

Via l’agence d’attractivité, nous effectuons une démarche de marketing pour inviter les entreprises à s’installer en Seine-et-Marne. Leur productivité pourrait être améliorée si les temps de déplacements des salariés diminuaient radicalement.

Le coût de la politique sociale est très conséquent ?

Oui. Nous avons installé le site Web Job 77 sur lequel les bénéficiaires du RSA s’inscrivent en se géolocalisant ce qui permet aux entreprises locales de recruter rapidement. Pour les MNA nous lançons des appels à projets. Cela nous a permis de diminuer les coûts de 120 euros par jour à 70-80.

Une autre politique sur laquelle vous mettez l’accent ?

Nous mettons en place une politique contractuelle avec les communes et les communautés de communes, différenciée selon les territoires pour les aider à rénover ou construire.

Vous donnez l’impression que votre département va très bien.

Oui. Et 90 % des Seine-et-Marnais selon notre étude sont heureux d’y vivre. Notre bonne note chez Standard and Poor’s témoigne du bon ordre remis dans les finances. Notre seule gêne finalement est de devoir limiter l’augmentation de nos dépenses de fonctionnement à 1,2 % par an. Nous avons des besoins pour bien accueillir les 13000 habitants qui arrivent chaque année. Ici nous ressentons particulièrement la fermeture de sites publics.

Et même sur les aides de l’Etat, il vaudrait parfois mieux nous laisser gérer plus librement. Le plan pauvreté par exemple. Notre département a reçu…480 000 euros ! Au vu de nos 620 millions d’euros de politique sociale que fera-t-on avec ? Tous les services qui ont dû phosphorer pour répartir cet argent… On se demande si ce n’est pas de l’argent gâché. 

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