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La mobilité partout et pour tous

Par Michel Neugnot, 1er Vice-Président de la Région Bourgogne-Franche-Comté en charge des finances, des ressources humaines, de la modernisation de l’administration, des transports, des déplacements et de l’intermodalité

Le constat a été partagé par toutes les parties prenantes des assises de la mobilité. La société n’offre pas à tous et partout la même chance de pouvoir se déplacer. Des services de mobilité performants pour les uns et rien, ou peu, pour d’autres : selon le lieu d’habitation en secteur urbanisé ou en habitat diffus, en quartier enclavé ou en cœur de ville dense, en zone de plaine ou en zone montagneuse ; selon les vicissitudes de la vie, chômage, maladie, mobilité réduite, handicap.

Devant l’explosion d’une double fracture géographique et sociale, la mobilité partout et pour tous doit devenir « l’accessible étoile » ; la mobilité avec le bon moyen de transport, au bon endroit et au bon moment, à un coût soutenable par les collectivités et un prix accessible par nos concitoyens, notamment les plus fragiles. Car la mobilité c’est la liberté de vivre, de se former, de travailler, de se divertir ; en un mot, de faire société.

Au cours de ces assises, nous avons dénombré beaucoup d’initiatives publiques et privées qui, malgré tous les efforts déployés, ne produisent pas les effets d’une politique efficace.

Le rapport remis au gouvernement proposait 15 mesures pour une nouvelle architecture des mobilités qui n’oublie aucun territoire et aucun public et qui fait une large place à l’innovation.

Dans quelques mois, la LOTI doit laisser la place à la LOM, loi qui fait suite aux assises. La satisfaction des besoins de mobilités du quotidien des habitants est l’objectif premier de cette loi. Les offres de transport organisés en silo, vont céder le pas à des solutions de mobilités complémentaires, coordonnées sous la responsabilité de la Région, cheffe de file et véritable architecte des mobilités sur son territoire. Loin de remettre en cause la cohérence introduite par la loi NOTRe dans l’organisation des mobilités, la LOM doit préciser le rôle de chacun, Région, AOM actuelles et AOM futures pour éviter toutes les zones blanches.

Un architecte des mobilités régionales, la Région définit, en lien avec tous les partenaires locaux, les bassins de mobilité ainsi que les conditions d’organisation de mobilités à l’intérieur de chacun. Le Système d’Information Multimodale (SIM) régional est la clef de voûte de tout dispositif performant ; il doit être facile d’utilisation pour le voyageur et complet dans ses solutions de mobilité : actives, partagées (co-voiturage et autopartage) – organisées (train, tram, bus, car, transport à la demande). Considérer la mobilité comme un service (MaaS) et gérer la relation clientèle doivent être les fonctions essentielles de ces nouveaux systèmes d’information.

La contractualisation entre la Région et les AOM existantes ou à venir, est la seule véritable méthode de travail qui permet de concilier la nécessaire réflexion globale régionale avec l’action de proximité adaptée aux besoins des habitants d’un territoire.

Les différents niveaux de collectivités regroupées dans le Groupement des Autorités Responsables des Transports (GART) souhaitent que le débat parlementaire, qui va débuter au Sénat en mars, permette de revenir au texte équilibré qui avait fait consensus en juillet dernier.

Concrètement, si les communes délèguent leur compétence mobilité aux EPCI, les solutions à l’intérieur de chaque bassin de mobilité doivent être compatibles avec l’architecture régionale et totalement intégrable dans le SIM. Cela concerne notamment la transmission de toutes les données dont celles concernant le covoiturage, la billettique, les données des constructeurs automobiles permettant d’identifier les flux de mobilité afin de proposer des offres de transport collectif adaptées. Le contrat opérationnel de mobilité et plus largement la contractualisation entre Région et AOM doivent être réintroduits dans le texte proposé par le gouvernement car toutes les solutions doivent être co-construites et en continuité sur le territoire régional.

Avec les mobilités, nous sommes au cœur même du développement durable. La LOM doit permettre de trouver un point d’équilibre entre le pilier environnement, le pilier social et le pilier économique. La lutte contre le réchauffement climatique ne peut pas attendre. Il est urgent de changer de braquet et que chacun se sente concerné. 

* Egalement Président de la commission transport mobilité de Régions de France, Président du groupe « Mobilités plus solidaires » lors des assises de la mobilité

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