Print this page

Des solutions politiques et techniques au service des usagers

Par Valérie Lacroute, Députée (LR, Seine-et-Marne), Membre de la Commission des Finances

“Des mobilités plus intermodales”, tel était l’objet de l’atelier que j’ai présidé lors des assises nationales de la mobilité à l’automne 2017. Améliorer la possibilité de passer d’un mode de transport à un autre lors d’un même déplacement, c’est améliorer le quotidien des voyageurs en leur permettant de se déplacer plus vite, moins cher et de manière plus respectueuse de l’environnement.

Ces vingt dernières années, l’intermodalité a considérablement progressé dans les métropoles. Emprunter le TER, une ligne de bus et terminer son trajet en vélo fait désormais partie du quotidien de nombreux Français. Les calculs d’itinéraires, l’information en temps réel, la tarification intermodale, les pôles d’échanges multimodaux sont autant d’innovations qui sont pratiques courantes aujourd’hui. De nombreux leviers restent encore à activer pour que ces innovations s’étendent à tous les territoires et particulièrement ruraux.

Au plan institutionnel, il faut tout d’abord conforter la région en chef de file de l’intermodalité pour qu’elle devienne un coordonnateur stratégique de l’offre et pour sortir du dialogue purement gestionnaire entre collectivités. Pour être pertinente, cette coopération orchestrée doit également être étendue aux acteurs privés dont les offres ne doivent plus être perçues comme concurrentes mais complémentaires. Les autorités organisatrices de la mobilité doivent enfin disposer de la compétence globale, et non plus partielle, intégrant tous les modes de transport. Toutes les conditions seraient alors réunies pour obtenir l’élaboration de grilles horaires, non plus réseau par réseau, mais au niveau d’un bassin de vie. Une véritable révolution pour l’usager !

Au plan technique, les dispositifs d’information multimodale sont la prémisse de l’intermodalité. L’accès à l’information constitue en effet un gain de temps majeur pour l’usager en amont même de son déplacement. L’intérêt de ces dispositifs demeure cependant aujourd’hui limité lorsque l’information est partielle ou restreinte aux seules offres de transport public. L’open data pour tous les opérateurs, y compris privés est donc nécessaire.

Les innovations ne relèvent pas forcément d’un sursaut technologique mais proviennent aussi d’une vision pragmatique de l’intermodalité. Changer de mode de transport en cours de trajet est encore largement perçu comme une contrainte par le voyageur. Cela est dû au manque d’investissement dans la création des pôles d’échanges multimodaux (PEM). Si beaucoup de collectivités se sont déjà saisies des problèmes de gestion des flux en créant notamment des parkings relais au sein des gares ferroviaires, des efforts sont encore à fournir pour assurer la fluidité de ces nœuds de communication. De nombreuses villes ne disposent pas aujourd’hui de PEM alors qu’elles sont desservies par des modes de transport individuels ou collectifs très divers. Prévoir un volume de places réservées aux vélos proportionné au flux de voyageurs ou aménager des espaces d’attente des cars « Macron » sont autant de défis pratiques pour les collectivités !

Autre objectif d’aménagement : prévoir l’accueil des navettes autonomes sur la voirie. Leur mise en circulation ne pourra pas se faire en pleine circulation, d’où l’idée de couloirs qui leur seraient dédiés, mais pas exclusivement. Plus généralement, il s’agit de rééquilibrer le partage de la voirie entre les modes de transport personnels et en commun ou partagés. En zone congestionnée, cela devrait mécaniquement favoriser le covoiturage encore trop peu utilisé sur de courtes distances. L’innovation technologique se couplerait ainsi parfaitement avec cette innovation sociale, tout en visant le double objectif d’une moindre pollution et d’une circulation plus fluide.

Au plan commercial, l’autre levier important de l’intermodalité porte sur la mise en cohérence des tarifications et des billettiques. Si toutes les régions métropolitaines bénéficient aujourd’hui d’une billettique intégrée entre les transports régionaux et les réseaux urbains, les pratiques actuelles demeurent celles d’une superposition des tarifs. L’objectif à terme, difficile à atteindre, est celui de l’intégration tarifaire. Dans la mise en place d’une billettique harmonisée, les nouvelles technologies constituent une opportunité pour faciliter le transport quotidien des usagers mais il ne faudra pas oublier les voyageurs non-initiés qui n’utilisent ni smartphone, ni Internet. 

2430 K2_VIEWS