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“En cas d’inondation majeure, de tres nombreuses entreprises pourraient etre touchées, meme au-dela de la zone inondable”

Entretien avec Clotilde Yeatman, chargée de Mission Développement durable a la direction des Politiques Territoriales de la CCI de région Paris Ile-de-France

 

Pourquoi la CCI de région Paris Ile-de-France s’intéresse- t-el le aux risques d’inondation ?

Le risque inondation est un risque majeur pour l’économie des métropoles. De nombreux exemples dans le monde viennent régulierement nous le rappeler (Bangkok, New York, …). En Ile-de-France le nombre d’établissements situés en zone inondable est tres important (pres de 60 000, représentant 630 000 emplois). En cas d’inondation majeure, de tres nombreuses entreprises pourraient etre touchées, meme au-dela de la zone inondable compte-tenu des impacts indirects, avec des conséquences allant d’un arret provisoire de leur activité a la destruction totale de leur outil de travail, voire la faillite de l’entreprise. La CCI Paris Ile-de-France a été un des premiers acteurs a alerter, des 1999, les pouvoirs publics sur les impacts d’une crue majeure sur l'activité économique de l'agglomération parisienne. Dans un rapport soutenu en 2012 par M. Philippe FANARTZIS, membre élu de la CCI, elle a notamment souligné la nécessité de mieux prendre en compte la résilience de l’économie francilienne face a ce risque dans le contexte de développement du Grand Paris.

Observez-vous depuis quelques années une évolution des moyens de prévention dans ce domaine ?

L’évolution en cours des politiques publiques, avec la mise en oeuvre baisen France de la directive inondation, devrait permettre d’engager une concertation accrue sur le territoire pour la définition d’une véritable politique de réduction de la vulnérabilité au risque inondation. Alors qu’on a longtemps privilégié la réalisation d’ouvrages de protection, dont le rôle reste indéniable pour diminuer la vulnérabilité du territoire, dans un contexte de finances publiques tendues, les réflexions portent beaucoup aujourd’hui sur le développement de mesures non-structurelles. Ces mesures d’adaptations individuelles (financement de diagnostics de vulnérabilité, …) ont un rôle important a jouer pour la protection des acteurs économiques et ne doivent pas etre négligées. Elles permettent d’agir en proximité et assurent une meilleure prise de conscience du risque que les mesures structurelles ont souvent tendance a faire perdre en faisant disparaître les épisodes moins importants de crue et en créant un faux sentiment de sécurité. L’enjeu est de trouver le juste équilibre et d’attribuer des moyens financiers adaptés aux différentes actions a mener dans les plans et stratégies en cours d’élaboration.

L’enjeu du risque de crue est-il actuellement suffisamment considéré dans l’aménagement urbain et économique du territoire francilien ?

L’un des principaux enjeux pour réduire l’exposition du territoire francilien au risque inondation, est la question de l’aménagement dans les zones sensibles. Le meilleur moyen de garantir la sécurité des populations et de réduire les dégâts liés aux crues serait de ne pas construire en zone inondable. Cependant, dans une métropole historique telle que la nôtre ces zones inondables sont déja largement construites du fait de la croissance de la métropole qui accentue leur densification. L’urbanisation en zones inondables a donc beaucoup augmenté ces dernieres années, notamment en raison des nouvelles constructions de bureaux. Densifier la zone agglomérée signifie souvent réaliser des projets de rénovation urbaine en zone inondable (OIN Seine-Amont / Orly-Rungis, ZAC rive gauche, Docks de Saint-Ouen,…). L’enjeu est donc aujourd’hui de prendre en compte les risques potentiels en matiere d’inondation liés aux nouveaux projets de développement et d’y apporter des réponses techniques et organisationnelles innovantes. L’objectif est de concevoir ces nouveaux aménagements en évitant d’augmenter la vulnérabilité du territoire.

 

 

 

 

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