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Perspectives d’emplois : la stratégie française passée au crible

Dans son rapport publié avec la DARES, France Stratégie dresse la liste des métiers d’avenir à l’horizon 2022. Se basant sur le nombre de postes à pourvoir, ces perspectives pourtant encourageantes apparaissent en décalage avec les derniers chiffres du chômage.

 

Le présent rapport, réalisé conjointement par France Stratégie et la Dares, est l’aboutissement d’une intense collaboration entre les deux institutions, tant en termes de méthodologie, de cadrage macroéconomique que d’analyse fine des évolutions des métiers et des qualifications”, a déclaré Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie.
Ses conclusions avancent une hausse des demandes d’emplois et donc a fortiori, des embauches. En raison de l’arrivée en fin de vie active des générations de babyboom d’après-guerre, le vieillissement de la population française est un phénomène massif. A l’horizon 2022 et au-delà, il se manifestera, sur le marché du travail, par un flux conséquent de départs en fin de carrière des générations particulièrement nombreuses nées entre 1945 et 1975. Au total, sur la période 2012-2022, le nombre de départs en fin de carrière devrait avoisiner 620 000 par an en moyenne, contre 400 000 sur la période 1993-2001. En dépit du vieillissement démographique, la croissance de la population active devrait se poursuivre à un rythme rapide + 1,2 million d’actifs entre 2012 et 2022) pour atteindre 29,5 millions de personnes à la même échéance.

Aides à domicile, serveurs ou bien enseignants, des professions recherchées

Aides à domicile, serveurs ou bien enseignants, voici les professions qui seront en demande d’emploi d’ici les 10 prochaines années. C’est le constat qu’ont dressé conjointement France Stratégie et la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) dans un rapport qui vient examiner les perspectives d’évolution des ressources en maind’oeuvre par métier. Toutefois, les projections macroéconomiques sur lesquelles reposait cet exercice ne prenaient pas en compte le retournement conjoncturel observé en 2011, tournant de la crise économique, comme le souligne Françoise Bouygard, Directrice de la DARES, « L’exercice s’est déroulé dans un contexte macroéconomique dominé par les conséquences d’une crise économique et financière d’une ampleur exceptionnelle ». En première position on trouve la profession d’agent d’entretien avec 387.000 emplois d’ici 2022, suivi des aides à domicile, 322 000, faisant échos au vieillissement de la population et à la mutation vers le papy-boom du fort taux de natalité post 1945. Autre profession en vogue, l’enseignement avec 300 000 postes à pourvoir pour répondre aux départs à la retraite d’ici les cinq prochaines années. L’impact de la réforme des retraites de 2010 aurait toutefois un impact limité sur le nombre de départs.

Des créations nettes d’emplois

Par ailleurs, les créations nettes d'emplois seraient plus faibles pour les cadres de la fonction publique que pour la plupart des autres familles professionnelles de niveau « cadre », dûes au contexte d'ajustement budgétaire dans l'emploi public. Pour les ingénieurs et cadres techniques de l'industrie, le personnel d'études et de recherche, et surtout les ingénieurs de l'informatique, on compte de nombreuses créations nettes d'emplois, « portées par le développement des nouvelles technologies (technologies de l'information et de la communication, nanotechnologies, etc ) et les efforts en matière de recherche-développement », indique France Stratégie. Les recrutements se feront donc avant tout en faveur des jeunes diplômés. Le rapport indique que « la désindustrialisation serait ralentie, mais de façon très contrastée selon les secteurs, l’agriculture et les services centraux de l’administration continueraient à perdre des emplois ». Ainsi, trois scénarios d’évolution de l’économie française ont été élaborés. Le scénario central correspond à une synthèse « médiane » de sortie de crise progressive dans un contexte contraint par l’ajustement des finances publiques.
Les secteurs les plus créateurs d’emplois seraient la santé, l’action sociale, l’éducation et les services aux personnes, les activités récréatives, culturelles et sportives. L’Hôtellerie-restauration et les services d’appui scientifiques et techniques connaîtraient une forte hausse de dynamique d’emploi sur la période. Le scénario « de crise » envisage une dégradation de la compétitivité française et européenne et un renforcement des contraintes financières pour les agents économiques. Si tous les acteurs sont affectés par la faiblesse de la croissance, le recul de l’emploi serait plus marqué dans les services aux entreprises. Le scénario « cible » envisage au contraire une croissance de la productivité de l’économie française prenant appui sur une stratégie d’investissement et d’innovation dans un contexte réglementaire et fiscal qui facilite l’éclosion de nouvelles activités. Les secteurs très innovants, dans l’industrie ou les services, amélioreraient sensiblement leurs performances économiques.

Entre 735 000 et 830 000 postes par an à pourvoir entre 2012 et 2022

Selon le scénario envisagé, entre 735 000 et 830 000 postes par an seraient à pourvoir entre 2012 et 2022 dont environ 80% correspondant à des départs en fin de carrière. Ils ne seront pas tous répartis de façon équivalente selon les métiers, particulièrement en faveur des métiers tertiaires et des qualifications élevées, et parce que les taux de départs en fin de carrière varient d’un métier à l’autre. La relative polarisation de l’emploi se poursuivrait, d’ici les prochaines années même si elle apparaît moins marquée en France que dans d’autres pays, les Etats-Unis en particulier. Ce renouvellement des emplois serait-il profitable aux femmes ? Toujours d’après les conclusions des deux institutions, la réponse est positive. La part des femmes dans l’emploi continuerait de s’accroître, grâce à la féminisation des professions les plus qualifiées. Les femmes pourraient former 49,1% de la population active en 2022, contre 47,7% en 2012, une progression ininterrompue depuis 1975. Des perspectives d’emplois également favorables aux jeunes diplômés du supérieur avec des risques de chômage et de déclassement pour les moins qualifiés dans le scénario de crise économique. L’emploi des jeunes est également un enjeu sur lequel s’est penché le rapport. Entre 2012 et 2022, la situation des jeunes débutants sur le marché du travail continuerait à dépendre fortement de l’environnement macroéconomique. Ainsi, dans un contexte de conjoncture économique ralentie, en cas de crise économique, l’insertion professionnelle des jeunes se ferait encore à l’aune du diplôme.

 

 

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