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“Reprendre le pouvoir sur nos assiettes”

La Commission d’enquête parlementaire sur l’alimentation industrielle présidée par Loïc Prud’homme (LFI) et avec pour rapporteure Michèle Crozet (LREM) a rendu son rapport. Un réquisitoire contre la malbouffe, enjeu de santé publique. Le rapport pointe notamment du doigt les additifs trop nombreux dans l’alimentation et préconise un renforcement des normes. Il souhaite également améliorer la qualité des repas à l’école et dans les hôpitaux et créer une allocation pour les plus démunis.

Trop de sel, trop de sucre, trop d’additifs… il y a trop de mauvaises choses dans notre alimentation s’insurge la Commission d’enquête en guerre ouverte contre la malbouffe. Car « une mauvaise alimentation rend malade, voire tue » déplore Loïc Prud’homme, le député de la France Insoumise qui présidait cette Commission qui a rendu son rapport après plusieurs mois d’enquête et de nombreuses auditions. Et ce que nous dit ce rapport a parfois de quoi couper l’appétit. Aussi, pour « reprendre le pouvoir sur nos assiettes », la mission fait un certain nombre de recommandations au premier rang desquelles la chasse aux additifs qu’elle veut limiter à 48 en 2025 contre 338 autorisés aujourd’hui, et seulement quatre d’origine chimique. La mission veut aussi limiter le nombre d’additifs utilisés dans un seul produit et contraindre les industriels à diminuer les contaminants et résidus présents dans les produits alimentaires et leurs emballages. Sur les produits alimentaires eux-mêmes, la Commission entend se battre contre la présence trop élevée de sucre ou de sel. Parce qu’aujourd’hui, 30 % de nos apports quotidiens en sel proviennent du pain, le rapport veut rendre obligatoire une teneur maximale en sel dans les produits de panification de 18 grammes par kilo de farine. Rappelons que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) milite depuis longtemps pour une consommation de 5 grammes de sel par jour. En France, la moyenne se situe entre 10 à 12 grammes/jour. Si l’idée d’une taxe sur le sel a été finalement abandonnée, le non-respect de la teneur maximale pourrait être « financièrement sanctionné ». Auditionné par la Commission, Stéphane Travert, alors Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation avait exprimé sa préférence pour la mise en place de « chartres de bonne pratique » avec les industriels plutôt que des sanctions.

L’autre aspect de ce rapport concerne la pédagogie et l’information du consommateur. Nutri Score, logo de couleur qui indique la qualité nutritionnelle d’un produit aujourd’hui facultatif et basé sur le volontariat deviendrait obligatoire pour les produits transformés et ultratransformés fabriqués en France. Une nouvelle étiquette pourrait aussi faire son apparition si la proposition des parlementaires d’indiquer la proportion d’additifs dans le produit était retenue.

L’éducation à la bonne alimentation passe aussi par l’école insistent les élus. Ils proposent de faire participer les parents et les enfants à des commissions menus qui auront été rendues obligatoires dans les établissements scolaires. L’élaboration des menus de midi dans les cantines deviendrait un enseignement obligatoire. La Commission plaide également pour une amélioration des repas servis en milieux scolaire et hospitalier et dans les maisons de retraite avec notamment une formation plus poussée pour les cuisiniers de la restauration collective.

Le rapport se focalise aussi sur les inégalités sociales face à l’alimentation. « Les personnes qui ont le moins de moyens sont souvent les premières atteintes par l’obésité » souligne à juste titre Loïc Prud’homme qui milite alors pour la création d’une allocation spécifique. Allocation qui serait destinée aux familles ayant des enfants à charge et se trouvant en situation de pauvreté. Elle prendrait la forme de coupons distribués par les Caisses d’allocations familiales.

La Commission souhaite enfin la création d’un Secrétariat général à l’alimentation avec pour objectif d’encadrer et de suivre l’application des mesures du rapport. A noter également plusieurs mesures pour permettre à la recherche publique de mieux évaluer les effets des crises sanitaires dans l’alimentation. 

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