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Les femmes, gardiennes du temple de la santé

Selon un sondage LIR-IPSOS-STERIA, 85% des Françaises interrogées déclarent avoir pris à leur compte les questions de santé au sein de leur famille. Réuni pour quatre déjeuners de travail durant le mois de mars, autour d’experts et de journalistes de la santé, le LIR a présenté les résultats de cette étude qui révèle le rôle prépondérant joué par les femmes au coeur de notre système de santé. Tour d’horizon des débats.

 

Comment les Françaises voient-elles l’avenir de notre systeme de santé et envisagent-elles de contribuer a ses évolutions ? Le think tank LIR, qui s’est donné la mission de nourrir le débat sur la santé a 10 ans, a réalisé avec IPSOS-STERIA une enquete aupres de 1 015 femmes représentatives de la population féminine française âgée de 18 ans et plus*.

Les femmes aux commandes de la santé familiale

Si les femmes gerent la santé de leurs enfants (85% contre 1% pour leur conjoint), leur action ne se limite pas a leur seul foyer. Compte tenu de l’allongement de la durée de vie, elles prennent également en charge la santé de leurs parents (53%), de leurs grands-parents (19%), mais aussi de leurs beaux-parents et des grands-parents de leur conjoint (27%). Selon Claude Martin, sociologue, Directeur de recherche au CNRS, « elles anticipent les besoins d’aide, de soins des futures pathologies de leurs proches, et d’elles-memes, ce qui est un point intéressant dans une perspective de prévention. »
Les femmes fournissent un gros travail d’information en amont puisque 8 Françaises sur 10 se déclarent « plutôt actives dans ce domaine ». Elles vont généralement chercher l’information aupres du contact humain : 87% s'estiment bien informées quand elles vont chez le médecin (elles font aussi confiance a leurs pharmaciens et a leurs proches) tandis que seulement 12% passent systématiquement par l'Internet pour se renseigner sur la santé.

Un attachement profond a la liberté de choix

Selon l’étude, les Françaises veulent conserver la possibilité de choisir entre plusieurs professionnels et établissements de santé. Elles sont attachées au second avis et a l’alternative entre médicaments princeps et génériques. Ces résultats révelent que les comportements actuels des femmes sont parfois tres éloignés de ceux autour desquels notre systeme de santé est organisé. Selon son expérience a l’Institut de cancérologie Gustave Roussy, le Pr Étienne Minvielle considere que « les patients sont satisfaits de l’information reçue pendant leur hospitalisation mais se sentent démunis lors du retour a domicile, en particulier sur tous les points concernant la vie courante. » Aux États-Unis, la création de nurses navigator a permis de pallier cette problématique. Une initiative a importer en France ?

Des seniors qui s’interrogent

Altruistes, les femmes expriment majoritairement (64%) des inquiétudes pour leurs enfants ou leurs petits-enfants. Viennent seulement ensuite les craintes vis-a-vis de leur propre santé: pour 48% d’entre elles, la priorité en matiere d’investissements doit etre donnée a la recherche sur les nouveaux traitements ou les services pour une fin de vie sans souffrance. Enfin, une fin de vie dans la dignité apparaît plus importante aux yeux des femmes que de vivre le plus longtemps possible en pleine possession de ses facultés physiques et mentales.
Pour Claude Martin : « La génération des sexagénaires veut éviter de devenir un fardeau pour ses propres enfants et commence a penser a la façon de diminuer la charge qu’elles seront pour eux. Quelle personne âgée souhaitent-elles devenir est la question qui se pose. »

Les femmes et l’avenir

Sur le champ des innovations, si les femmes manifestent leur intéret (les 2/3 pensent que les innovations liées a de nouveaux médicaments sont les plus importantes), elles plébiscitent peu l’apport technologique sauf s’il est bien intégré dans le parcours de soins. Nicolas Bouzou (économiste et essayiste) avertit pourtant que « la vague des NBIC1 ne fait que commencer et le « B » est la dimension la plus importante car il délivrera un accroissement de l’espérance de vie, une longue vie de qualité et, au-dela, du dynamisme économique. » « Compte tenu de la révolution qui s’opere sur le theme de la santé, il est important d'initier un changement fondamental d'approche, a insisté Agne?? s Soubrier, directrice générrale du LIR. Plus de pédagogie est nécessaire en direction des femmes. Plus elles seront a meme d’agir en amont, plus elles auront de temps pour elles ».

* Enquete réalisée en octobre 2014 selon la méthode des quotas (âge, profession de la personne interrogée et catégorie d’agglomération)

 

 

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