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Dans l’assiette des Français

L’étude INCA 3* de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) sur les consommations et modes de vie des Français montre que l’on trouve toujours plus de produits transformés dans l’assiette des Français et qu’ils consomment plus de sel et moins de fibres. L’Anses pointe également des niveaux d’activité et de sédentarité des Français « inadaptés Â».

Hygiène de vie, c’est de cela dont il est finalement question dans l’étude INCA 3 de l’Anses. Une étude détaillée qui dresse un panorama fidèle mais inquiétant des modes de consommations et de vie des Français. Une étude nécessaire car, comme le souligne l’Anses, « le rôle de l’alimentation dans l’augmentation ou la prévention de certaines maladies comme le cancer, l’obésité ou les maladies cardiovasculaires est aujourd’hui scientifiquement établi Â». Réalisées tous les sept ans, ces études permettent donc de mieux connaître et comprendre les habitudes des Français (choix de leurs aliments, préparation ou encore consommation de compléments alimentaires, pratique d’activité physique et niveau de sédentarité). A partir de ces conclusions, les autorités peuvent alors évaluer les risques liés à l’alimentation et ainsi mettre en place des mesures de prévention.

Quels mangeurs sommes-nous donc d’abord ? En moyenne, les Français consomment en 2,9 kg d’aliments chaque jour, soit environ 2200 kcal, dont 50 % de boissons. Les hommes se révèlent plus gros mangeurs que les femmes. Celles-ci privilégient généralement les yaourts et fromages blancs, les compotes, la volaille et les soupes. Les hommes préfèrent quant à eux le fromage, la viande, la charcuterie, les pommes de terre et les crèmes dessert.

Une « complexification de l’alimentation Â»

Mais ce qui attire l’attention dans cette étude, c’est surtout la présence de toujours plus de produits transformés dans l’assiette des Français avec « encore un peu trop de sel Â» (en moyenne 9 g/j chez les hommes et 7 g/j chez les femmes à comparer aux objectifs du Programme national nutrition santé de respectivement 8 g/j et 6,5 g/j). Et l’Anses de cibler les pizzas, les pâtisseries salées, les soupes, les charcuteries et autres jus de fruits et de légumes, compotes et glaces qui sont pour la plupart des produits industriels. Pour décrire le sujet, l’Anses parle de « complexification de l’alimentation Â». Les apports en fibres (20 g/j en moyenne chez les adultes) apparaissent quant à eux trop faibles par rapport aux recommandations de l’Anses (30 g/j). Les Français consomment également de plus en plus de compléments alimentaires (vitamines, minéraux, plantes) s’alarme l’Anses. La consommation est passée de 12 % à 19 % chez les enfants et de 20 % à 29 % chez les adultes entre l’étude de 2006-2007 et celle de 2014-2015. Or, prévient Jean-Luc Volatier, adjoint au directeur de l’évaluation des risques de l’Anses et conseiller scientifique pour l’étude INCA 3, « ces produits ne sont normalement pas nécessaires dans le cadre d’une alimentation équilibrée et peuvent même se révéler risqués. Il faut rester prudents surtout lorsqu’ils sont vendus sur Internet Â».

L’étude constate également des disparités de comportements en fonction de l’âge, du sexe, du niveau d’étude ou encore de la région. « Ainsi par exemple, détaille l’enquête, les adultes de 65 à 79 ans consomment plus d’aliments faits maison, les hommes consomment plus de denrées animales crues, les individus ayant un niveau d’étude supérieur ou égal à bac+4 davantage de fruits et deux fois moins de boissons rafraîchissantes sans alcool, et les habitants des grandes agglomérations consomment plus de poissons, confiseries, chocolat et jus de fruits que dans les zones rurales (plus de charcuteries, de légumes et de fromages), etc. Â».

L’étude INCA 3 s’inquiète encore de la progression d’un certain nombre de pratiques « potentiellement à risques Â» comme la forte poussée de la consommation de denrées animales crues (poisson et viande de bÅ“uf notamment) ou des temps plus longs de conservation avant consommation de denrées périssables, des dépassements plus fréquents des dates limites de consommation et des températures dans les réfrigérateurs parfois inadaptées.

Le statut pondéral et le niveau d’activité physique des Français sont « inadaptés Â»

A ces habitudes s’ajoutent des attitudes non sans risque. Le statut pondéral et le niveau d’activité physique des Français sont ainsi jugés « inadaptés Â» par l’Anses qui note qu’ « en 2014-2015, 13 % des enfants et adolescents (jusqu’à 17 ans) et 34 % des adultes de 18 à 79 ans sont en surpoids, 4 % et 17 % respectivement sont obèses Â». « Le pourcentage d’individus présentant un comportement sédentaire est alarmant Â» ajoute l’agence : la moitié des adolescents de 11 à 14 ans, deux tiers des adolescents de 15 à 17 ans et plus de 80 % des adultes de 18 à 79 ans sont concernés. Sans surprise malheureusement, le constat est celui-là : En sept ans, le temps quotidien passé devant un écran, hors temps de travail, a augmenté de 20 minutes en moyenne chez les enfants et d’1h20 chez les adultes. « La sédentarité est un problème préoccupant : elle joue un rôle dans l’apparition de certaines pathologies comme le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires Â»â– 

* INCA 3 : Plus de 5 800 personnes (3 157 adultes âgés de 18 à 79 ans et 2 698 enfants âgés de 0 à 17 ans) ont participé à cette grande étude nationale qui a mobilisé en 2014 et 2015 près de 200 enquêteurs. 150 questions ont été posées aux participants sur leurs habitudes et modes de vie, 13 600 journées de consommations ont été recueillies, générant des données sur 320 000 aliments consommés. Au total, six années auront été nécessaires pour actualiser la photographie des habitudes de consommations alimentaires de la population française.

L’effet Mondial
Ici comme ailleurs, le Mondial a eu son petit effet. L’analyse par le cabinet Nielsen des ventes de produits de grande consommation a révélé que pendant les cinq semaines de la compétition, le chiffre d’affaires de la distribution française (hypers, supermarchés, drive de proximité et SDMP) a généré 211 millions d’euros de plus que lors de la même période en 2017, soit une hausse de +2,1 %. Dans le détail, ce sont les bières qui ont vu leurs ventes s’envoler avec 59 millions d’euros supplémentaires ! Pendant ces cinq semaines, les chiffres de vente ont également fortement progressé pour les confiseries fantaisies (+24 %), les pizzas (+16 %), les chips (+11 %), les produits apéritifs (+8 %) et le champagne (+8 %). Lors des 18 derniers mois, 6 des 10 meilleures journées de ventes de bières ont ainsi eu lieu pendant la Coupe du Monde ! « Le constat est encore plus marquant les jours de match de la France Â» note Nielsen. Sans surprise, « le dimanche de la finale, des records sont battus et la journée s’avère le dimanche n°1 depuis 18 mois pour les chips et les bières. Avec 111 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisé ce jour-là, les ventes de produits de grande consommation (PGC) ont été 21 % supérieures à la moyenne des 4 dimanches précédents ! Â». Ce 15 juillet, les magasins de proximité ont pleinement joué leur mission de dépannage : un quart des ventes a été concentré ce jour sur les bières et les chips et les boissons sans alcool (+24 %).
© www.nielsen.com

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