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Les bistrots parisiens au patrimoine de l’Unesco ?

Une Association de bistrotiers parisiens va déposer un dossier au Ministère de la Culture pour faire inscrire les bistrots de la capitale au patrimoine immatériel de l’Unesco.

C’est tout un pan de notre patrimoine qui serait en train de disparaître. Les bistrots parisiens et leurs terrasses sont de moins en moins nombreux sur les trottoirs de la capitale, remplacés lentement mais sûrement par des fast-foods, des sandwicheries, des bars (plus ou moins) branchés, des banques, des agences immobilières, etc. Est-ce la fin de l’œuf mayonnaise, du jambon beurre et du café au zinc ? En 2014, on en comptait 1300, ils ne sont déjà plus que 1000 aujourd’hui. Et s’il y a autant de points de restauration à Paris qu’à la fin des années 80, à l’époque 50 % étaient encore des bistrots, ils ne représentent plus aujourd’hui que 14 % de ces points de restauration. Un crève-cœur pour Alain Fontaine, lui-même propriétaire du restaurant bar à vins le Mesturet près des Grands Boulevards et à l’initiative de la création de l’Association. Loin d’être corporatiste, l’« Association pour l’insertion au patrimoine immatériel des bistrots et des terrasses de Paris pour leur art de vivre » a su réunir autour de cette idée, anonymes amoureux des bistrots et personnalités comme le comédien Pierre Arditi, la chanteuse Marianne James ou encore l’acteur et réalisateur Jacques Weber. L’initiative est également soutenue par la Ville de Paris qui dit être « à fond ». Menacés par l’accélération du temps et la réduction de la pause-déjeuner mais aussi par le prix de l’immobilier et la délicate question de la transmission, les bistrots et leurs terrasses aimeraient être reconnus à leur juste valeur, comme les dépositaires d’un véritable « art de vivre ». Parce qu’au-delà d’être un commerce, les bistrots sont « le symbole d’un creuset social, d’un melting-pot à la française qui existe depuis des siècles » explique au Parisien Jean-Pierre Chedal, vice-président de l’Association et président délégué du GNI-Synhorcat, syndicat de cafetiers et restaurateurs. « Dans cet univers ouvert, empreint de culture et de sympathie, tout le monde se réunit au comptoir, l’ouvrier comme le chef d’entreprise, le Parisien comme le non-Parisien. (...) C’est enfin un bel exemple de résilience, là où le peuple de Paris s’est retrouvé » après les attentats du 13 Novembre poursuit-il. Mais pourquoi l’Unesco ? « Parce que les bistrots sont des lieux vivants, ouverts sur la ville, sur la vie ; parce que ce sont des lieux de liberté(s), de débat ; parce que ce sont des endroits magiques et parce que ce sont des lieux populaires » répond l’Association qui déposera en septembre un dossier de candidature au Ministère de la Culture chargé de présenter les candidatures à l’Unesco en mars 2019 pour une décision au plus tôt en décembre 2019 ou janvier 2020. En attendant l’Association propose sur son site aux Parisiens et aux amoureux des bistrots du monde entier d’adhérer en vue d’alimenter un fonds culturel destiné à accueillir des apprentis du monde entier et d’envoyer de jeunes apprentis français se former à l’étranger. Le fonds permettra aussi de soutenir des événements culturels dans les bistrots tels que les lectures de textes de Victor Hugo par Jacques Weber. 

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