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Le Pacte de la Région Île-de-France pour une agriculture francilienne

Le Conseil régional d’Île-de-France a voté fin mai un pacte agricole qui se présente comme un Livre blanc pour l’agriculture francilienne. Plaidoyer pour une nouvelle agriculture en Île-de-France, ce Pacte d’un budget de 150 millions d’euros de 2018 à 2022, soit en moyenne 30 millions d’euros investis par an entend préserver les espaces agricoles franciliens et favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs sur le territoire.

“Produire mieux pour mieux manger”, une belle idée que Valérie Pécresse a décidé de mettre en oeuvre en faisant adopter le 31 mai dernier par le Conseil régional ce pacte agricole qui veut redonner ses lettres de noblesse à l’agriculture en Île-de-France pour le plus grand bénéfice de ses habitants. Car, qu’on se le dise, l’Île-de-France ce n’est pas que du béton. Bien au contraire. Avec 48 % de sa surface couverte par les champs, « l’Île-de-France est une très grande région agricole. Cela mérite d’être affirmé avec plus de fierté » explique la présidente de région qui insiste : « Nulle autre métropole n’est aussi fortement, géographiquement et fonctionnellement liée à la terre qui l’entoure ». Aujourd’hui comme le rappelle l’Agence des espaces vers d’Île-de-France (AEV), la production agricole francilienne est « diverse », avec de grandes cultures (plateau de Saclay, Beauce et une partie de la Seine-et-Marne) du maraîchage (plaine de Chailly-en-Bière et de Montesson) ou encore de l’élevage (Brie Laitière et ouest de la région). Pour autant, face à la pression urbaine, le maintien de la vocation agricole de ces surfaces est de plus en plus difficile. « En 15 ans, rappelle l’AEV, la surface agricole francilienne a chuté de 14 000 ha et le nombre d’agriculteurs a diminué de 26 % ». Chaque année, ce sont 1300 hectares de surfaces agricoles en moins en Île-de-France. Et dans le même temps, l’accession à la terre est un défi majeur. « Bien souvent en matière de foncier agricole, offre et demande ont du mal à être en adéquation, regrette Anne Cabrit, présidente de l’AEV. Des biens sont mis sur le marché mais aucun jeune n’est prêt (manque de formation, problème de financement, projet pas suffisamment mûr…) ou bien un projet d’installation est prêt techniquement mais avec une charge de capital trop lourde pour un jeune qui souhaite s’installer ».

Un objectif de 200 nouveaux agriculteurs installés par an

Le Pacte agricole tend à répondre à ces problématiques en dotant l’agriculture régionale d’une stratégie ambitieuse au travers de cinq objectifs : le triplement en 5 ans des surfaces cultivées en agriculture biologique (pour atteindre 45 000 hectares en 2022) ; l’installation de 200 nouveaux agriculteurs par an (avec une part accrue d’installation aidées) ; l’augmentation de la part des exploitations diversifiées de 10 % à un quart d’ici la fin de la mandature et l’augmentation de 10 à 15 % du nombre d’exploitations élevant des animaux.

Pour aider de nouveaux agriculteurs à s’installer, l’AEV, pour le compte de la Région Île-de-France, pourra acquérir des surfaces menacées d’urbanisme « pour les orienter vers l’installation, sur la base de projets économiquement viables, construits par les agriculteurs eux-mêmes ». L’AEV financera alors le portage foncier de terres agricoles pendant une durée maximale de 5 ans. « L’objectif ? explique la présidente de l’AEV : Laisser le temps aux nouveaux agriculteurs de finaliser sereinement leur parcours de formation et de faire face, de façon progressive, à l’investissement en capital lié à leur installation avant de les laisser, à terme, voler de leurs propres ailes ». Le fonds sera notamment financé par les produits de cession issus des ventes de propriétés de la Région, « mais également ouvert à la participation citoyenne, aux collectivités et au mécénat ».

Soutien à la filière bio

A travers ce Plan agriculture, la Région souhaite permettre à l’agriculture francilienne de se « transformer ». Il s’agit pour l’agriculture francilienne de se diversifier, d’investir dans la transformation et la commercialisation de ses produits, de se structurer en filières interprofessionnelles, courtes et longues, et de revendiquer fièrement l’origine Île-de-France indique la Région. Plusieurs pistes s’offrent à la Région pour atteindre ses objectifs comme le soutien qu’elle entend apporter à la filière bio pour permettre à la filière de fournir les cantines des lycées franciliens à 50 % de produits bio. Parce que l’agriculture contribue à la lutte contre le changement climatique et la préservation de l’environnement, la Région veut porter l’accent sur ce volet transition économique et énergétique de l’agriculture francilienne en apportant « une contribution majeure au développement des énergies renouvelables par le photovoltaïque sur les bâtiments agricoles et par l’essor de la méthanisation et du biogaz » précise le communiqué de la Région.

« Mangeons francilien »

Enfin, considérant que les services environnementaux rendus par une agriculture durablement ancrée dans son territoire « sont trop souvent occultés », la Région souhaite que cesse le « farm bashing » tout en prônant une agriculture de proximité sous le slogan « mangeons francilien ». Pour ce faire, elle a décidé d’encourager les initiatives et les innovations dans la pédagogie et le savoir-faire. « La communication par ceux qui parlent le mieux de l’agriculture (les agriculteurs eux-mêmes), la stratégie touristique, les parcs naturels régionaux, l’agriculture urbaine, sont autant d’axes qui seront suivis pour que l’agriculture retrouve un regard positif de la société civile » détaille la Région. « Aussi, ajoute-t-elle, un Plan Régional d’Alimentation sera élaboré dans le cadre d’une large consultation. Il aidera à faire se rencontrer les aspirations des Franciliens avec les capacités de la production locale, avec l’ambition de redonner à l’alimentation de qualité produite en Île-de-France la place qu’elle mérite dans la vie des Franciliens, et notamment dans les cantines des lycées »

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