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Réforme des retraites : une simplification complexe mais nécessaire

Par Jean-François Parigi, Député de Seine-et-Marne, Membre de la Commission des Finances, Membre du COR

Un système de retraite complexe, voire illisible, un coût qui ne cesse d’augmenter et un sentiment d’injustice entre pensionnés, voilà à grands traits les enjeux de la réforme future des retraites.

Mais le principal enjeu à l’heure actuelle reste le retour à l’équilibre de nos finances publiques et donc de notre système de retraite. Aujourd’hui, les ressources de celui-ci représentent 14 % du PIB et plus de 25 % des dépenses de notre système social, Etat et collectivités réunies. Il est vrai que ces chiffres auraient été plus importants sans les réformes passées, mais l’équilibre tant recherché est encore loin d’être atteint.

Tous les leviers semblent pourtant avoir déjà été mobilisés : la hausse de l’âge de départ en retraite, la hausse des prélèvements, la baisse des pensions… Mais le vieillissement de la population conjuguée à une croissance économique fluctuante rend ces efforts insuffisants sur le long terme. Une réforme structurelle apparaît aujourd’hui indispensable pour mettre fin à aux importants dysfonctionnements.

C’est visiblement la volonté du Président Macron qu’il exprime sous le slogan : « pour chaque euro cotisé, les mêmes droits pour tous ». Mais on ne connaît pas encore les détails de la réforme préparée par le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, et qui dépendra sans doute des concertations actuellement menées. Mais les grandes lignes se dessinent.

Il semble donc que l’objectif soit celui d’un nouveau système dans lequel un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé et quel que soit le statut de celui qui l’a cotisé. Le tout sans toucher à l’âge de la retraite ni au niveau des pensions.

Pour y parvenir, les annuités laisseront sans doute place aux points. Le revenu permettra désormais d’acquérir des points, identiques pour tous et tout au long de la carrière. Ainsi, qu’il s’agisse d’un salarié du privé ou du public, les deux auront exactement la même retraite s’ils gagnent la même somme d’argent tout au long de leur carrière.

Une telle réforme aurait l’avantage de simplifier notre système de retraite et de le rendre enfin lisible pour nos concitoyens. Rappelons qu’aujourd’hui, seuls 28 % d’entre eux savent combien ils cotisent et 18 % combien ils percevront en pension de retraite.

Mais permettra-t-elle le retour à l’équilibre ? Sans un rajeunissement de la population où une croissance économique d’au moins 1,3 % jusqu’en 2050, rien n’est moins sûr.

Par ailleurs, le passage du système actuel au système futur n’est pas sans complexité. Deux transitions sont possibles. La première est progressive et consiste à faire coexister l’ancien régime et le nouveau pendant une période correspondant à la durée de carrière des nouveaux entrants sur le marché du travail. Elle a le mérite de lisser les changements réalisés mais présentera la difficulté de gérer deux systèmes en même temps et pendant tant de temps. C’est d’ailleurs la méthode choisie par l’Italie en 1995 et qui s’est révélée inopérante puisque les bénéfices de la réforme tardaient tellement à se faire sentir, qu’une nouvelle réforme a dû intervenir en 2011.

La seconde méthode est celle immédiate. Dans ce cas l’intégralité des droits acquis dans l’ancien régime seront recalculés et convertis dans le nouveau. Elle présente donc l’avantage d’accélérer les effets de la réforme mais suppose pour l’administration de disposer des données historiques de carrières très complètes, ce qui n’est manifestement pas le cas aujourd’hui.

Mais la vraie question est : cette réforme nous permettra-t-elle d’envisager l’avenir d’une façon plus sereine ? La fin des régimes spéciaux tend vers une égalité attendue par nos concitoyens. Certes, certains n’ont plus lieu d’être. Mais nos militaires par exemple, ne le méritent-t-il pas ? Le rôle du législateur que nous sommes sera prépondérant pour l’avenir des générations futures. 

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