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De l’importance du sommeil

A l’occasion de la 18ème journée du sommeil qui s’est tenue le 18 mars dernier, l’Institut national du Sommeil et de la Vigilance (INSV) et la mutuelle MGEN rendaient public une enquête montrant que les adolescents et les jeunes adultes dorment de moins en moins. Avec des conséquences pour leur santé.

Les jeunes dorment de moins en moins. Pas vraiment une surprise. Mais il a fallu cette nouvelle enquête de l’INSV/MGEN * pour enfin… ouvrir les yeux. Le développement des smartphones, tablettes et autres utilisations des réseaux sociaux entraînent de nouveaux comportements qui modifient les habitudes de vie et de sommeil. 99 % des jeunes utilisent régulièrement les NTIC et 8 jeunes sur 10 déclarent passer plus d’une heure dans leur lit avant d’éteindre la lumière pour dormir. « Ceux qui dorment le moins bien sont connectés aux NTIC le soir dans leur lit et se décalent entre la semaine et les jours de repos » précise l’enquête INSV/MGEN 2018 qui souligne encore que 88 % des jeunes de 15-24 ans estiment manquer de sommeil. 40 % dormiraient moins de 7 heures par nuit révèle l’enquête qui ajoute que la recommandation dans cette tranche d’âge est de 8 heures. Ils sont plus d’un tiers à déclarer éprouver des difficultés pour s’endormir : en moyenne à 23h20 la semaine et à 0h49 le week-end, pour se lever le matin à 7h02 et 9h43 respectivement. « Les jeunes ne se couchent pas pour aller dormir mais pour aller sur leurs écrans » se désole la Pr Marie-Pia d’Ortho, cheffe du service d’Explorations Fonctionnelles de l’Hôpital Bichat (Paris). Une fois au lit, 83 % des jeunes sont sur écrans, essentiellement pour des activités interactives : réseaux sociaux, internet, jeux…. qui sont particulièrement « éveillantes ». « Cette hyperconnexion combinée à une exposition tardive à la lumière bleue des écrans (qui est associée par notre horloge biologique au jour, donc à l’éveil, ndlr) retarde le moment de l’endormissement au détriment de la qualité du sommeil de ces jeunes cybernautes » signale la Pr d’Ortho qui y voit là « un phénomène préoccupant » compte-tenu de l’importance du sommeil pour la santé physique et mentale des jeunes. L’enquête indique aussi que 42 % d’entre eux se réveillent la nuit avec des difficultés pour se rendormir, en moyenne pendant une heure. Ce manque de sommeil n’est donc pas sans conséquences, tous (99 %) des jeunes interrogés reconnaissent que cela à des retentissements sur leur journée : fatigue (82 %), manque d’attention(52 %), irritabilité et nervosité (40 %), somnolence (35 %) … Un sentiment de tristesse (1 jeune sur 5) est aussi ressenti le lendemain.

Un couvre-feu digital

Autre constat, l’impact du manque d’activité physique sur le sommeil. Or, il est démontré – et même un jeune sur 5 l’admet – l’activité physique est un bon moyen de lutter contre le manque de sommeil. En pratiquant une activité, leur sommeil est de meilleure qualité disent-ils : ils s’endorment plus tôt, sont moins nombreux à avoir des difficultés pour s’endormir et ils estiment avoir besoin de moins de sommeil pour être en forme. Reste que plus d’un tiers des jeunes ne pratique aucune activité physique régulière, notamment les lycéens, étudiants, apprentis, en emploi qui y consacrent souvent moins d’une heure par semaine constate l’INSV. « Il est important de réaliser qu’une privation de sommeil joue sur la qualité de vie, influence l’équilibre métabolique et peut mener au surpoids, voire à l’obésité. Attention au cercle vicieux : moins on bouge, plus on mange et moins on dort, plus on est fatigué… » souligne le Pr Davenne, Directeur du laboratoire Comète Université de Caen cité dans le communiqué de presse de l’Institut national du Sommeil et de la Vigilance.

Dernier aspect qui suscite l’inquiétude de l’Institut l’utilisation par les jeunes pour lutter contre le manque de sommeil d’excitants tels que la caféine (28 %), la nicotine ou les médicaments (11 %). Ils ne sont cependant que 2 % à déclarer prendre des somnifères. Pour récupérer, 20 % déclarent faire du sport, 12 % de la relaxation… et 12 % pratiquer le sexe.

Ce manque de sommeil est d’autant plus inquiétant qu’il a tendance maintenant à toucher les encore plus jeunes. « Cette réduction du temps de sommeil chez les adolescents et les jeunes adultes touche maintenant les enfants, dès la maternelle. Cela devient une problématique de santé » s’alarme Sylvie Royant-Paola, psychiatre spécialiste du sommeil, citée par Le Monde.

Mais pour les spécialistes du sommeil, il existe pourtant des solutions comme l’instauration du « couvre-feu digital », une heure au moins avant de se coucher et pendant toute la nuit ! Pas gagné. 


* L’enquête INSV / MGEN 2018 a été menée auprès de 1 014 personnes âgées de 15 à 24 ans, du 13 au 28 décembre 2017. Parmi eux, on trouve 48 % de lycéens et étudiants, 9 % en apprentissage, 28 % ayant un emploi, 9 % en recherche d’emploi et 6 % dans une autre situation


Prendre soin de son sommeil de 15 à 24 ans : les 5 conseils des spécialistes
• Le soir, couvre-feu digital, 1h au moins avant de se coucher et pendant toute la nuit !
• Horaires de coucher et du lever réguliers
• Le week-end, maintenir la même heure du coucher et ne pas trop décaler celle du lever
• Eviter les excitants : caféine, nicotine, substances diverses
• Activité physique tous les jours 30 minutes et davantage les jours de repos

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