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Apprentissage : une réforme pour le pays, une ambition pour tous

Par Marie-Christine Verdier-Jouclas, Députée (LREM, Tarn), Co-rapporteur spécial au budget Travail, Emploi, Financement national du développement et de la modernisation de l’apprentissage, et Gilles Le Gendre, Député (LREM, Paris), Co-rapporteur spécial au budget Travail, Emploi, Financement national du développement et de la modernisation de l’apprentissage

« Tuyauterie », « financement », « gouvernance » : tels sont les mots qui surgissent en premier à l’évocation de la réforme du système d’apprentissage en France. Pourtant, sa transformation et donc la montée en compétence de notre jeunesse est un instrument stratégique de la lutte contre le chômage structurel qui abîme notre pays depuis trente ans. Et sa réussite dépendra de son appropriation par tous les acteurs sur le terrain.

Nous sommes en effet convaincus de la nécessité de mobiliser les jeunes et leurs familles, les entreprises, les branches professionnelles, les chambres consulaires, les partenaires sociaux, les régions, l’Education nationale et l’Enseignement Supérieur, autour de la réforme que propose le gouvernement et que nous voterons ce printemps. Aujourd’hui, la complexité du système d’apprentissage, son manque d’attractivité et de transparence, sa rigidité découragent l’orientation des jeunes Français vers cette voie de formation. Les réformes du quinquennat précédent n’ont pas réussi à démocratiser ni à ouvrir davantage la voie d’apprentissage, qui est restée peu utilisée : seuls 400 000 apprentis, soit 7 % des jeunes de 16 à 25 ans y ont recours, contre plus du double dans les pays européens, où le taux de chômage est bien plus bas que chez nous.

L’enjeu est immense : la France compte plus de 1.3 millions de jeunes qui ne sont ni à l’école, ni à l’université, ni en apprentissage ni en emploi. Pourtant, les compétences sont un rempart contre le chômage et la clef du marché du travail de demain. L’apprentissage est l’une des pistes les plus efficaces pour favoriser l’accès à la qualification et à l’emploi des jeunes. D’après le Céreq, le taux d’emploi est de 90 % pour les apprentis diplômés du baccalauréat trois ans après leur sortie du système éducatif, contre moins de 65 % pour les diplômés de l’enseignement professionnel sous statut scolaire. Qui, dans ces conditions peut encore douter de la nécessite et de l’urgence de la transformation « copernicienne » souhaitée par notre ministre du Travail et de l’Emploi, Muriel Pénicaud ?

La réduction du chômage profite à l’économie dans son ensemble. Mais ce qui fait l’originalité de la réforme de l’apprentissage, c’est qu’elle apportera un bénéfice concret et individuel à tous les jeunes apprentis de notre pays, en les plaçant au centre du système. Le statut de l’apprenti va être singulièrement revalorisé : sa rémunération se verra relevée, il bénéficiera d’une aide publique forfaitaire de 500 € pour payer son permis de conduire, la limite d’âge de formation en apprentissage sera portée de vingt-six à trente ans, le contrat d’apprentissage sera assoupli, tandis que la mobilité européenne des apprentis sera facilitée, via un programme ErasmusPro.

La représentation elle-même de la voie professionnelle, dont l’apprentissage n’est qu’une modalité, devra être améliorée pour accueillir des profils plus diversifiés. C’est bien un des enjeux du rapport de la députée Céline Calvez et du chef cuisiner Régis Marcon, remis au ministre de l’Education le 22 février dernier. Cette amélioration passera par un accès accru à l’information délivrée aux jeunes, tant sur les métiers, que sur les débouchés des formations en apprentissage, les rémunérations ou sur les résultats d’insertion professionnelle obtenus par chaque Centre de Formation des Apprentis (CFA). Cette plus grande transparence permettra aux jeunes de faire un choix éclairé et d’accéder à la maîtrise de leur destin professionnel.

Une telle ambition va bousculer des habitudes et redistribuer les rôles. Tous les acteurs vont devoir assumer ensemble la réussite de cette réforme, dont le mérite est de redéfinir leur rôle respectif. Les entreprises ont vocation à détenir un rôle central d’acquisition des compétences pour leurs apprentis, en leur offrant les formations d’apprentissage pour répondre aux besoins actuels et futurs de recrutement. Les branches professionnelles définiront avec l’enseignement secondaire et supérieur les programmes et l’organisation des formations correspondant à la pratique réelle du métier. Les régions auront la responsabilité de l’orientation professionnelle : elles organiseront l’information des jeunes et des familles sur les métiers et les filières. L’Education nationale, enfin, créeront des « campus des métiers » qui facilitent les passerelles entre les différentes formations : CFA, lycée professionnel, université, formation continue.

La qualification et les compétences représentent un patrimoine inestimable dans lequel la Société et l’individu doivent investir massivement. Notre pays avait pris beaucoup de retard dans ce domaine. L’ambition de notre gouvernement et de notre majorité est de mettre les bouchées doubles pour le rattraper. 

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