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Vers le plein emploi pour tous !

Par Stéphane Viry (LR, Vosges), Membre de la Commission des Affaires sociales

Le plein emploi est de nos jours considéré comme une chimère, tellement le chômage est élevé. Pourtant, l’ambition du « plein emploi » doit rester au centre des politiques publiques.

Au-delà de la politique économique à conduire pour développer la compétitivité de notre économie et la croissance permettant la création d’emploi, il faut accompagner les hommes et les femmes dans la recherche d’emploi. L’insertion par l’activité économique est un outil pertinent à cet effet. Un outil de politique publique porté par l’Etat. Un outil au service de l’égalité des chances, de la justice sociale et de l’ascenseur social.

Alors que notre pays continue de connaître un taux de chômage très élevé, et que l’emploi reste l’une des priorités essentielles pour nos concitoyens, le premier budget de la législature se caractérise par une forte baisse des crédits de la mission « Travail et emploi ». Ils ont ainsi subi une baisse de 2,7 milliards d’euros en autorisations d’engagement, pour atteindre 13,7 milliards d’euros pour le Projet de Loi de Finances 2018 (contraction de 16,6 % par rapport au PLF 2017).

L’insertion par l’activité économique qui est un dispositif d’accompagnement dans l’emploi, permet à des personnes très éloignées de l’emploi de faciliter leur insertion sociale et professionnelle. Ce dispositif est principalement destiné aux jeunes de 26 ans en grande difficulté, aux demandeurs d’emploi de longue durée, aux personnes bénéficiaires des minimas sociaux et aux travailleurs reconnus handicapés.

Aujourd’hui, les 3722 structures relevant de l’IAE emploient 131 938 salariés en voie d’insertion et sont financées grâce aux crédits de mission travail susvisée et aux subventions des collectivités territoriales dont les Conseils départementaux.

Les aléas de la vie font que certains se trouvent, à un moment de leur existence, très éloignés de l’emploi. Ils sont alors dans une situation qui les oblige à survivre grâce à la solidarité nationale, sans pouvoir, ou sans savoir comment retrouver le chemin du travail.

L’insertion par l’activité économique représente ainsi une chance pour ce public et lui redonner confiance en lui. Ce dispositif, présent sur tout le territoire, est essentiel pour ceux qui en bénéficient. Il s’agit de passer d’une approche passive à une approche active face au fléau que représente le chômage, en utilisant l’IAE comme un tremplin permettant de retrouver le sens et la voie de l’activité.

Mais l’IAE doit continuer son évolution et élargir son périmètre et son ambition. Elle doit être « l’Innovation et l’Action pour l’Emploi » grâce à sa redéfinition comme un élément d’un parcours d’insertion qui doit nécessairement comprendre un volet formation, en développant des liens plus solides avec le tissu économique et politique local et en repensant ses instances de représentation.

La formation des salariés en insertion doit être une mission pleine et fondamentale de l’IAE : l’accès aux dispositifs de formation et d’insertion destinés aux demandeurs d’emplois doit être ouvert aux salariés en insertion.

La gestion et de l’accompagnement des salariés en insertion doit s’améliorer et se professionnaliser. Le soutien à l’IAE par les collectivités territoriales doit être repensé non seulement comme un instrument de cohésion sociale mais aussi comme un instrument de développement économique des territoires et d’activation des dépenses passives d’aide sociale.

Enfin, le Conseil national de l’insertion par l’activité économique (CNIAE) devrait être rénové afin de devenir une instance de proposition est de pilotage de l’IAE au niveau national. Les instances locales de l’IAE devraient être remplacées par une structure unique à l’échelle des bassins d’emploi chargés de représenter les acteurs et de piloter le développement de l’IAE au niveau local.

Dans un pays ou l’individualisme est toujours grandissant, où avoir un travail devient une chance, où les individus et les territoires sont toujours plus abandonnés, il est du devoir central de notre Etat et de la solidarité nationale de tendre les bras à ceux qui en ont besoin. L’insertion par l’activité économique, pour laquelle tant d’acteurs se mobilisent avec passion et motivation, doit devenir un dispositif central de notre politique en faveur de l’emploi. Elle a trop longtemps été le cousin éloigné des politiques gouvernementales, il faut lui rendre ses lettres de noblesse. 

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