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Le regard de Lana Tetuanui, Sénatrice de la Polynésie française

Elue sénatrice depuis début mai 2015, siégeant à la Commission des lois et à la délégation sénatoriale aux outre-mer, je m’attache plus particulièrement à défendre les intérêts de ma collectivité, en rappelant régulièrement les spécificités géographiques et statutaires propres à la Polynésie française, car bien souvent oubliées dans le processus législatif national.

En effet, il convient de rappeler que ma collectivité d’outre-mer, régie par l’article 74 de la Constitution, est dotée d’un statut d’autonomie et qu’elle se gouverne librement et démocratiquement par ses représentants élus.

Ce statut d’autonomie interne, qui a largement évolué depuis 1984, est défini par la loi organique n°2004-192 du 27 février 2004. Ce statut est le garant de «notre émancipation raisonnée Â» pour la gestion de nos compétences transférées par l’Etat, au titre d’un développement durable dans le respect de nos intérêts propres, de nos spécificités géographiques et de notre identité. Il a été acté par le Président de la République qu’un texte organique, nous sera présenté rapidement, après les élections territoriales, pour l’adoption d’ajustements techniques que le Pays a sollicités.

Par ailleurs, pour mieux appréhender nos particularités insulaires, il convient aussi de rappeler notre éloignement de l’hexagone (soit à 18 000 kms), et la dispersion de nos îles sur une surface aussi vaste que celle de l’Europe.

Si cette insularité, nous confère comme atout un statut de destination de rêve par la diversité de nos îles éloignées dans un environnement exceptionnel au cÅ“ur de l’océan Pacifique ; en contrepartie cet éloignement et cet éclatement nous imposent de fortes contraintes budgétaires et financières aux fins de remplir au mieux les missions de service public et d’assurer une continuité territoriale.

Ainsi, à maintes occasions et plus particulièrement dans le cadre de l’adoption de ma première proposition de loi en décembre 2016, relative à l’élection des conseillers municipaux dans nos communes associées, j’avais attiré l’attention des parlementaires nationaux lors de l’examen de ce texte, sur les difficultés d’application en Polynésie française des législations nationales votées, sans tenir compte de nos avis et de nos spécificités.

C’est ainsi, que j’ai sollicité le Président du Sénat, dans le prolongement des travaux de cette loi, pour qu’une délégation sénatoriale puisse être diligentée en Polynésie afin de mieux appréhender nos particularités.

Au-delà de mes activités propres au Sénat, et dans un cadre plus général sur l’évolution institutionnelle et économique de ma collectivité, je plaiderai en ma qualité d’élue et représentante à l’Assemblée de Polynésie française pour le maintien en premier lieu d’une stabilité politique dans mon Pays, condition sine qua non pour l’amélioration des conditions de vie des Polynésiens.

Les élections territoriales approchent et représentent un enjeu capital pour l’avenir du Pays. Il n’est pas envisageable économiquement parlant, de revivre une instabilité politique, telle que vécue au cours de la période 2004-2013.

Aujourd’hui, l’amélioration de l’activité économique est certifiée par les analyses des instituts économiques appropriés, la reprise de l’emploi s’amorce et les finances publiques de la Polynésie française se consolident. La hausse des rentrées fiscales et le maintien d’une stricte discipline budgétaire appliquée sous la gouvernance du Président FRITCH, ont permis en 2017, au Pays de dégager de marges de manoeuvre pour financer l’investissement public et des politiques de relance ciblées.

Ces tendances sont encourageantes pour l’avenir, elles sont le fruit d’une gestion rigoureuse mais également de la confiance retrouvée et du soutien de l’Etat.

A ce titre, l’Accord de l’Elysée pour le développement de la Polynésie française au sein de la République, signé le 17 mars 2017 constitue un pacte républicain essentiel, confirmant la nouvelle ère de confiance entre l’Etat et le Pays, que j’ai contre-signé.

Cet accord s’inscrit dans la logique des plans de convergence de la loi EROM et des Assises de l’Outre-Mer. Nos axes de développement prioritaires pour les 20 prochaines années y sont identifiés, dans l’objectif d’une consolidation d’un environnement économique porteur d’activités et d’emplois en Polynésie française avec l’accompagnement de l’Etat. â– 

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