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Le coût de la crise catalane

Selon le ministre espagnol de l’Economie, la crise catalane a eu un impact négatif sur l’économie espagnole qu’il chiffre à environ 1 milliard d’euros.

“La Catalogne avait une croissance au-dessus de celle de l’Espagne, c’est un des moteurs fondamentaux de la reprise espagnole, cependant au quatrième trimestre, c’est devenu un fardeau” a déploré Luis de Guindos, le ministre espagnol de l’Economie sur les ondes de la radio Cadena Ser début janvier. Le ralentissement de la croissance dans cette région riche de l’Espagne qui fournit 19 % du PIB espagnol « a parfaitement pu coûter déjà environ 1 milliard d’euros » a-t-il précisé lors de cet entretien. Pour Luis de Guindos, ce ralentissement serait lié à « l’énorme incertitude, inquiétude et perte de confiance générées par les décisions du précédent gouvernement » régional et indépendantiste de Carles Puigdemont. Entre le 2 et le 11 octobre derniers 540 entreprises avaient, selon le registre officiel, déjà lancé une procédure pour transférer leur siège social hors de Catalogne. Les milieux économiques régionaux se sont également dits inquiets et se souviennent qu’à l’arrivée au pouvoir des indépendantistes au Québec en 1976 plus de 200 entreprises avaient déménagé leurs sièges sociaux en quelques mois, pour ne jamais revenir. « La fuite des capitaux de Catalogne est très importante et difficile à inverser » déclarait en octobre dernier à l’AFP Ricardo Mur, vice-président de la Confédération patronale d’Aragon. Le même mois l’agence de notation Standard and Poors (SP) redoutait le risque d’une récession en Catalogne. Le tourisme a déjà marqué des signes de faiblesse ces dernières semaines. A Barcelone, on évoquait une baisse de « 20 à 30 % des réservations ».

En septembre 2017, les trois partis séparatistes avaient voté des lois de « déconnexion » avec l’Espagne avant d’organiser le 1er octobre un référendum d’autodétermination jugé illégal par Madrid. En dépit de violences policières, le Si l’avait emporté. Et le 27 octobre le Parlement catalan proclamait unilatéralement l’indépendance d’une « République catalane ». Immédiatement, Madrid avait réagi en plaçant la Catalogne sous son administration directe. Carles Puigdemont, le président catalan destitué par Madrid avait pris la fuite pour échapper aux poursuites judiciaires en se réfugiant en Belgique. L’ex-vice-président Oriol Junqueras avait alors été placé en détention provisoire pour « sédition », « rébellion » et « détournements de fonds publics ». Il a demandé sa remise en liberté, afin d’exercer notamment ses « droits politiques ». Oriol Junqueras a été élu député comme tête de liste du deuxième parti indépendantiste catalan, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) aux élections régionales du 21 décembre.

Lors de ces élections régionales convoquées par Madrid, les partis indépendantistes ont retrouvé leur majorité en sièges au Parlement catalan. Des négociations sont en cours pour la formation d’un nouveau gouvernement. Le nouveau Parlement catalan a ouvert sa session le 17 janvier - Roger Torrent, élu et porte-parole de la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC) a été désigné président du Parlement, avec en ligne de mire l’investiture du futur président de région, le 31 janvier au plus tard.

Sur Cadena Ser, Luis de Guindos a fait appel à la raison de chacun en souhaitant que le nouveau gouvernement catalan « soit conscient des coûts que génère cette politique » indépendantiste et « abandonne la voie unilatérale » à laquelle s’oppose, a-t-il insisté, « toute l’Europe et la communauté internationale ». Craignant un effet domino, devant des étudiants au Luxembourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker déclarait : « Je ne veux pas d’une Union européenne qui comprendrait 98 Etats dans 15 ans ». Pour autant, le ministre espagnol de l’Economie s’est voulu rassurant, 2018 serait malgré tout être « une bonne année » pour l’Espagne. La banque centrale table sur 2,4 % de hausse du PIB. Cette prévision avait été légèrement abaissée mi-décembre par rapport aux 2,5 % espérés auparavant, en raison de « l’augmentation de l’incertitude associée à la situation en Catalogne », avait alors expliqué la Banque d’Espagne. 

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