Print this page

Paris accueillera l’Autorité bancaire européenne

Après un vote serré entre huit villes candidates, Paris, donnée longtemps perdante, a finalement remporté la mise face à Francfort pour accueillir l’Autorité bancaire européenne qui devra quitter Londres après le Brexit.

Conséquence du vote britannique en faveur du Brexit, l’autorité bancaire européenne, l’EBA selon son acronyme anglais, située au cœur de la City va devoir plier bagage d’ici mars 2009, au même titre que l’Agence européenne du médicament qui devra également quitter Londres pour s’installer à Amsterdam. Pour accueillir l’EBA, huit villes avaient fait acte de candidature : Bruxelles, Dublin, Francfort, Luxembourg, Paris, Prague, Varsovie, et Vienne. Jusqu’au bout, rien ne permettait de donner gagnante Paris. La Ville-Lumière avait même eu mauvaise presse et beaucoup ne donnait pas chère de sa candidature lancée en avril dernier lors d’un des derniers conseils des ministres de François Hollande. D’autant plus que la France candidatait aussi pour accueillir l’Agence européenne du médicament. Et puis un mode de scrutin complexe – chaque pays a au premier tour six voix à répartir sur ses trois candidats préférés : trois pour le premier choix, puis deux pour le deuxième et enfin une pour le dernier choix - et la chance – à égalité au troisième tour, Paris a été tirée au sort face à Dublin ; Francfort, un temps favorite a été éliminée au deuxième tour - ont finalement permis à la France d’emporter la mise pour l’EBA. Mais il a aussi fallu convaincre les 27 pays. Et Paris n’a pas ménagé sa peine. Que ce soit Michel Sapin, Bruno Le Maire, Benjamin Griveaux, Nathalie Loiseau ou l’ancien Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, chacun à leur niveau ont défendu la candidature française en sillonnant les capitales européennes et en mettant parfois les petits plats dans les grands (Les Echos décrivent notamment un menu servi à la résidence de l’ambassade de France à Zagreb…). Mais au-delà de la bataille diplomatique, la candidature française avait des atouts non négligeables comme un bassin d’emploi diversifié pour les conjoints des 159 employés de l’EBA ou encore un écosystème financier important de Paris avec déjà la présence de l’Autorité européenne des marchés financiers et celles de la quasi-totalité des sièges du CAC 40. A l’annonce du résultat - « un rien miraculeux alors que la tendance est plutôt à un rééquilibrage en faveur des nouveaux pays de l’UE », Emmanuel Macron, dans un communiqué, s’est dit « heureux et fier de ce choix qui vient saluer l’engagement européen de la France et l’attractivité de notre capitale » et « conforte ainsi son rang de place financière majeure ». Si l’’installation de l’Autorité bancaire européenne ne représente en soi que 159 emplois directs, il ne faut pas négliger l’effet d’entraînement que cela aura avec l’installation de possibles antennes de banques européennes ou encore d’associations bancaires et autres think tanks financiers qui souhaiteront être au plus près de l’institution. Face à ce satisfecit général, seul Xavier Bertrand qui espérait voir Lille choisie pour accueillir l’Agence européenne du médicament (900 emplois) n’a pas caché sa déception : « La finance est à leurs yeux plus importante que la santé » a fustigé le président LR de la région des Hauts-de-France. 


L’Autorité bancaire européenne (ABE) est une autorité indépendante de l’UE qui œuvre afin de garantir un niveau de règlementation et de surveillance prudentielles efficace et cohérent dans l’ensemble du secteur bancaire européen. Ses principaux objectifs sont de maintenir la stabilité financière dans l’UE et de garantir l’intégrité, l’efficience et le bon fonctionnement du secteur bancaire.
L’ABE est indépendante mais rend des comptes au Parlement européen, au Conseil européen de l’Union européenne et à la Commission européenne.
La principale tâche de l’ABE est de contribuer, par l’adoption de normes techniques contraignantes et d’orientations, à la création d’un recueil réglementaire unique dans le secteur bancaire. Ce recueil réglementaire unique a pour but de fournir un ensemble unique de règles prudentielles harmonisées destinées aux établissements financiers dans toute l’UE, qui contribuera à créer des conditions de concurrence équitables et qui offrira une protection élevée aux déposants, aux investisseurs et aux consommateurs.
L’Autorité joue également un rôle important dans la promotion de la convergence des pratiques de surveillance, afin de garantir une application harmonisée des règles prudentielles. L’ABE est également chargée d’évaluer les risques et vulnérabilités dans le secteur bancaire européen, notamment à l’aide de rapports d’évaluation des risques réguliers et de simulations de crises paneuropéennes.
Parmi les tâches définies dans le mandat de l’ABE figurent les enquêtes sur les cas d’application insuffisante de la législation de l’UE par les autorités nationales, la prise de décision dans les situations d’urgence, ainsi que la médiation en cas de désaccord entre les autorités compétentes dans le cadre de situations transfrontalières. L’ABE joue également le rôle d’organe consultatif indépendant auprès du Parlement européen, du Conseil et de la Commission.
© EBA

2117 K2_VIEWS