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Montrouge Habitat : Le logement social doit se réformer en conservant son lien historique avec l’échelon local

Par Thierry Virol, Président de Montrouge Habitat, Maire-Adjoint de Montrouge

Le logement, singulièrement le logement social, fut un des grands absents de la dernière campagne présidentielle. Pourtant, les organismes de logement social gèrent 4,8 millions de logements, sur les 27,2 millions de résidences principales que compte la France. Dix millions de personnes vivent dans le parc locatif social, soit environ 17 % des ménages. Le logement social représente ainsi un peu moins de la moitié du parc locatif français. C’est pourquoi il faut féliciter le gouvernement d’avoir remis le logement au cœur du débat public et surtout d’avoir eu le courage d’interroger le bien-fondé d’outils de régulation anciens et qui ne sont pas nécessairement efficaces.

Lutter contre certaines idées reçues pour révéler les vrais enjeux du logement social

Dans un rapport que j’ai remis au gouvernement avant l’été, fort de plus de vingt années d’expérience comme élu local et dans la gestion du logement social, j’ai voulu revenir sur un certain nombre d’idées reçues présentes dans le débat public et donner des pistes de solution.

Premièrement, on entend souvent que la politique d’attribution des logements serait « opaque ». En réalité, ce ressenti inexact est propre aux zones tendues et est aujourd’hui alimenté par deux principaux facteurs :

• L’extrême tension sur le logement social dans certaines zones : on compte un logement pour 0,9 demande dans l’Indre, mais 16 pour le 16ème arrondissement de la capitale, et 7,8 de manière générale en Ile-de-France ! D’où de nombreuses frustrations et des délais d’attente parfois insupportables.

• La complexité des objectifs assignés aux responsables des commissions, qui se répercutent nécessairement dans les choix : promouvoir la diversité, répondre à des situations d’urgence, assurer le dynamisme économique local et garantir la viabilité économique des organismes de logements sociaux…

Contrairement à la réputation qu’ils peuvent avoir, la grande majorité des offices de logement social et de leurs salariés accomplissent leur mission difficile avec beaucoup de discernement et de professionnalisme.

Deuxième idée reçue, révélée récemment par le débat public : les problèmes du logement social seraient d’ordre financier, les offices n’ayant pas suffisamment de ressources pour entretenir et construire.

Mais les bailleurs sociaux génèrent chaque année un chiffre d’affaires de 22 milliards d’euros et dégagent un résultat de 3,3 milliards d’euros ! Globalement, le secteur se porte bien… sans que l’on constate pour autant une vraie amélioration de la politique de logement social.

Pour un nouvel équilibre entre Etat et territoires : responsabiliser et renforcer l’ancrage local, repenser les logiques de financement

Quels sont alors les enjeux ? Exprimée de façon simple, l’équation à résoudre est relativement limpide : il faut pouvoir construire plus et mieux, là où le déficit d’offre est le plus criant. Dans les zones tendues, ce n’est pas le niveau des aides au logement et la solvabilité des demandeurs qui pose problème (sauf cas particuliers) mais le manque de logements pour les ménages modestes et les classes moyennes.

C’est pourquoi le Conseil d’administration de Montrouge habitat, toutes tendances politiques confondues, a voté à l’unanimité une baisse des cinq euros des loyers, suite à la décision du gouvernement de diminuer d’autant les aides au logement. Car l’essentiel est ailleurs : les bailleurs sociaux doivent se battre pour maintenir un pilotage local des politiques d’attribution et des plans de travaux pluriannuels, sans lequel aucune politique du logement réellement adaptée aux spécificités et à l’histoire des territoires n’est possible. Ces efforts consentis par les bailleurs sociaux devront par ailleurs s’accompagner d’un soutien financier réel et diligent pour l’investissement des offices, au moment où il est nécessaire (lancement de programmes d’ampleur par exemple). A ces conditions, le pouvoir politique obtiendra sans aucun doute le soutien des bailleurs sociaux et des élus locaux qui les soutiennent. 


Montrouge Habitat - 12 rue Radiguey - 92120 Montrouge - Tél. : 01 55 58 17 00 - montrouge-habitat.fr

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