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Aluminium dans les vaccins : piqure de rappel

Après la polémique suscitée par la décision gouvernementale de porter de 3 à 11 le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants dès 2018, les vaccins sont à nouveau sujets à controverses avec un avis de l’ANSM - paru en mars mais rendu seulement public en septembre - qui s’interroge sur la présence d’adjuvants à l’aluminium dans les vaccins.

A la suite d’une campagne menée en 2014 par une association de malades atteints de myofasciite à macrophages, une maladie nouvelle (fatigue, douleurs articulaires, troubles cognitifs) qui serait liée à la présence d’adjuvants à base d’aluminium dans les vaccins, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait décidé de financer des études confiées à l’équipe du Pr Romain Gherardi (Inserm, CHU Henri Mondor de Créteil, AP-HP), reconnu dans son domaine. Les résultats de trois études ont relancé le débat sur les vaccins. Les trois études sur des souris démontrent un passage de l’aluminium vers le cerveau. Même injecté à « faible dose » en intramusculaire, on trouve dans le cerveau des rongeurs des traces d’adjuvant aluminique. Ce qui « peut induire une accumulation d’aluminium à long terme et des effets neurotoxiques » soulignent les études qui concluent que « la dose ne fait pas le poison ». Reste que « cette étude ne démontre pas le lien entre les adjuvants et la myofasciite à macrophages » a immédiatement voulu rassurer le Ministère de la Santé, inquiet des conclusions qui pourraient être tirées de ces résultats. Pour sa part, reconnaissant « la qualité des équipes, très reconnues dans leur domaine », l’ANSM admet que « l’apport de l’étude aux connaissances sur la sécurité des vaccins semble significatif, sans être encore déterminant » appelant à « approfondir » les études. Mais alors que la mise sous le feu de la rampe de résultats connus depuis mars mais seulement publiés fin septembre ont relancé la polémique, l’ANSM a complété sa note en rappelant qu’« aucun signal de sécurité lié à l’aluminium conduit dans les vaccins n’a conduit à ce jour à remettre en cause le rapport bénéfice/risque des vaccins contenant de l’aluminium, en France et à travers le monde ». Et d’ajouter « L’ANSM rappelle que ces vaccins sont administrés à des centaines de millions de personnes dans le monde depuis plus d’un siècle ». Sauf, oublie-t-elle peut-être de préciser que tous les vaccins ne contiennent pas forcément des adjuvants à base d’aluminium.

Les équipes du Pr Romain Gherardi ont également mis en évidence « une prédisposition génétique » à développer la maladie. Les études semblent en effet faire apparaître la surreprésentation de sept gènes chez les malades atteints de myofasciite à macrophages. Une hypothèse qui ne demande qu’à être confirmée ou infirmée. Des recherches nécessaires qui se heurtent à l’écueil du financement. « Nous demandons un financement massif de la recherche sur les effets délétères de l’aluminium vaccinal sur la myofasciite à macrophages et peut-être d’autres pathologies » attend Didier Lambert, le président de l’association E3M regroupant des personnes atteintes de cette maladie. Mais voilà alors que les premières études ont été financées par l’ANSM à hauteur de 150 000 euros, le Pr. Gherardi chiffre à 670 000 euros l’enveloppe budgétaire nécessaire à la poursuite des recherches. Une somme dont ne dispose pas l’ANSM. « Les montants estimés par le Pr. Gherardi dépassent de très loin les capacités financières de l’ANSM en matière de financement de recherche, il ne rentre pas dans ses missions de financer des programmes de recherche de manière pérenne » indique l’agence dans un communiqué. « Il est important de souligner que cette équipe de recherche ayant déposé un brevet, cela pourrait ouvrir à un financement privé et il serait contraire à la bonne utilisation de la subvention publique versée par l’ANSM que de supporter une activité privée lucrative » se justifie encore l’Agence. C’est donc au Pr. Gherardi « de trouver de nouveaux financements publics et privés » conclut finalement Dominique Martin, le directeur général de l’ANSM à l’AFP. 

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