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Le Made in France toujours en vogue

De ringard il y a quelques années devenu à la mode aujourd’hui, le Made in France ne laisse personne indifférent. Parce que nos produits sont notamment porteurs d’un certain nombre de valeurs, l’engouement pour le made in France est une réalité aussi bien en France qu’à l’étranger.

Année après année, les sondages ne cessent de montrer que le Made in France inspire de plus en plus confiance aux Français. Il continue également à progresser en parts de marché. Lorsqu’en 1997, le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) ne donnait que 39 % des Français prêts à acheter plus cher un produit industriel fabriqué en France, en 2014, ils étaient déjà 60 %. Dans la dernière étude Ifop réalisée pour le compte du Crédit agricole et MIF Expo (1), cette proportion atteint les 72 %. Ils sont même 86 % à déclarer faire plus attention à la provenance des produits qu’ils achètent, par rapport à ce qu’ils faisaient il y a six ou sept ans. Enfin, pour 90 % des consommateurs la thématique du Made in France est importante pour l’avenir. L’engouement est une réalité. Une réalité que l’on peut constater au travers du succès grandissant du salon MIF Expo, une rencontre annuelle qui présente des produits exclusivement fabriqués en France-. Lors de sa première édition en 2012, le salon a accueilli 80 exposants. Ils étaient 450 pour l’édition de cette année. Même emballement du côté du public : 15 000 visiteurs en 2012, plus de 50 000 en 2016. « Il y a une dizaine d’années, rappelle Fabienne Delahaye, la fondatrice du MIF Expo, l’idée du Made in France était jugée ringarde, passéiste ». Aujourd’hui, c’est tout le contraire.

Mais pourquoi acheter français ? Etre estampillé produit fabriqué en France, c’est être porteur d’un certain nombre de valeurs, des valeurs sur lesquelles les entreprises s’appuient pour valoriser et développer l’acte d’achat : la confiance, la qualité, la sécurité (liée à une législation ferme) et les processus de relocalisation du produit. Acheter français, c’est encore agir pour l’emploi et les entreprises en France. C’est aussi agir pour préserver le savoir-faire local tout en s’assurant du respect de normes éthiques et environnementales. Acheter français est ainsi devenu au fil du temps un acte citoyen à part entière globalement assumé. La Fédération Indépendante du made in France (FIMIF) et Le Bottin du Made in France ont d’ailleurs établi que ce sont entre 55 000 et 160 000 emplois qui seraient créés en France si nous choisissions le Made in France une fois sur deux pour nos chaussures et une fois sur trois pour nos vêtements (contre une fois sur dix en 2014).

Le consommateur veut bien payer plus cher pour acheter français mais pas trop non plus

Reste que lorsque l’on interroge les Français sur les critères les plus importants lors de l’acte d’achat ils citent en premier la qualité du produit (45 %), puis le prix (37 %) et en quatrième position seulement le pays de fabrication (5 %). Et si, ils sont 32 % à se dire prêts à payer 5 à 10 % de plus pour acheter un produit français, seulement 8 % d’entre eux déclarent être prêts à payer plus de 10 % plus cher pour avoir un produit français. Voilà pour le côté français.

Pour le consommateur étranger, il est admis que pour lui, en achetant Made in France, il achète une part de rêve, un peu d’image de la France. Le consommateur étranger associe lui aussi aux produits fabriqués en France un certain nombre de valeurs. Des valeurs qui sont essentiellement liées à la vision qu’il a des Français et du pays. « Il est donc important de contrôler le soft-power français grâce à une veille active sur le sujet et la chasse aux’usurpateurs’ » prévient la Direction Générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services (1). Les valeurs qu’ils associent au Made in France sont ainsi positives pour les produits hédoniques (luxe, mode, gastronomie) ainsi que pour les produits emblématiques (TGV, Concorde). Elles sont par contre négatives pour tout ce qui est produits technologiques et utilitaires. Pour ces produits, « le Made in France garantit un esthétisme, une originalité, un style, mais pas une qualité technique fiable » poursuit Bercy. Enfin, pour les étrangers, les valeurs du Made in France sont associées à une dimension artisanale, « supposant donc une production limitée de produits exclusifs » et vectrices d’image pour l’utilisateur : « elles rendent une femme sexy et séductrice, un homme romantique, et’bons vivants’les deux sexes ». Vaste programme.

La réindustrialisation de la France doit être une priorité

Plus globalement mais toujours à l’occasion du salon MIF Expo, les organisateurs ont cherché à savoir quel rapport les Français entretenaient avec leur industrie. Selon l’enquête de l’IFOP, alors que 86 % des personnes interrogées s’affirment conscients du déclin du tissu industriel du pays et que 52 % seulement estiment que la France est encore une grande puissance industrielle, ils sont 89 % à estimer que la réindustrialisation de la France doit être une des principales priorités dans les prochaines années ; 74 % estiment même que la France ne peut pas se passer de ses usines. Dans leur majorité, souligne encore l’enquête, les Français approuvent l’intervention de l’Etat pour protéger l’industrie, puisque 65 % d’entre eux pensent que l’Etat doit aider et inciter les entreprises à localiser ou à relocaliser leur production en France, ils ne sont plus que 8 % à penser qu’il faut laisser les entreprises choisir librement le pays de production de leurs produits… Des résultats qui interpellent, à quelques mois de la présidentielle et au sortir d’une actualité notamment marquée par une opposition croissante aux grands traités commerciaux internationaux (TAFTA et CETA). 

1. Sondage Ifop commandé par MIF Expo et réalisé début octobre,
2. Etude sur les valeurs associées au « Fabriqué en France » - Direction Générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services – 2014

 

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