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Et j'entends siffler le train…

Depuis ses origines, le chemin de fer permet de cultiver l’art du voyage, celui qui permet d’admirer des paysages étonnants et de profiter du temps qui s’écoule lentement. Un art parfaitement restitué dans le livre « Les plus beaux voyages en train ». Alors que l’ouvrage présente 77 voyages sur rails, tout autour du monde, nous avons subjectivement choisi de vous parler que d’un seul. En voiture à bord de La Trochita, le train du bout du monde.

“Il y a moins de bénéfices à espérer d’un billet de loterie que d’un billet de chemin de fer”. Paul Morand de l’Académie a vu juste. Prendre le train est une invitation au voyage. Singulier et unique. Qu’il soit court ou long, un voyage en train hors des frontières est une fenêtre ouverte sur le monde. Le Guide bleu consacré aux plus beaux trains du monde, grâce à de superbes photos, des témoignages de voyageurs et des détails géographiques insolites offre justement à sa seule lecture l’assurance du dépaysement, sans quitter son fauteuil. De Madagascar à la Suisse, en passant par l’Inde ou l’Arizona, le Mexique et l’Alaska, les trains empruntés sont des légendes : El Chepe, Viko-Viko, Transsibérien, Venice-Simplon-Orient express… La seule évocation de ces noms mythiques fait rêver. Sur ces machines à vapeur, le temps n’a pas de prise. Et c’est tant mieux. En Patagonie, terre de rêves et d’aventures par excellence, La Trochita (en espagnol petite voie) qui désigne à la fois le nom du train et la voie ferrée qu’il emprunte, est un train de légende immortalisé en son temps par l’écrivain Paul Théroux dans son livre Patagonia express. La Trochita, tractée par une locomotive à vapeur alimentée au mazout étirait, à l’origine, ses wagons en bois sur quelques 402 km entre Ingeniero Jacobacci, dans la province de Río Negro, et Esquel, dans la province de Chubut (Argentine). L’idée de ce « Viejo Expreso Patagónico », son nom officiel, est née au début du XXème siècle avec l’objectif économique de raccorder la lointaine Patagonie à l’Argentine. Les travaux débutent en 1925 et s’achèvent, après plusieurs péripéties économiques et climatiques en 1945 à son terminus Esquel. D’abord train de marchandises (laine, bétail, bois…), La Trochita embarque ses premiers passagers en 1950, essentiellement des éleveurs de moutons et des indiens mapuches. La Trochita devient alors la ligne de passagers la plus au sud du globe et la ligne à vapeur la plus longue du monde. Si pour cela il a fallu se battre contre la géographie et les éléments, le plus dur était à venir. En 1993, le manque de passagers, l’amélioration du réseau routier et les défaillances mécaniques à répétition de La Trochita vont avoir raison d’une ligne qui a pourtant tant fait pour le développement de la région. Fin de l’histoire. Ou presque. Plus qu’un train, La Trochita est devenue une légende qui a dépassé les frontières de la Patagonie. Pour les provinces du Chubut et du Rio Negro, c’est un patrimoine qu’il convient d’entretenir. La ligne est rouverte mais passe de 402 kilomètres à 36 km puis à une vingtaine de kilomètres aujourd’hui. En 1999, elle est classée Monument historique. En voiture ! Attention au départ ! 


A lire : Les plus beaux voyages en train – Guide bleu – Hachette tourisme.


En savoir plus : www.patagoniaexpress.com/La_trochita.htm

 

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