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“Un parcours long et difficile, avec des obstacles, des doutes et des oppositions”

Par Hubert du Mesnil, Président de TELT

La ratification parlementaire de l’accord de mars 2016, intervenue en fin d’année en Italie et déjà votée par l’Assemblée nationale en France, terminera son processus de validation le 26 janvier 2017 au Sénat. Cette ultime étape, attendue avec confiance par les porteurs du projet, constituera un moment historique pour la réalisation de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin.

Après plus de 20 ans d’études et de travaux de reconnaissance et une succession d’accords binationaux, l’ouvrage est sur le point de quitter la phase préparation pour attaquer la phase réalisation. Ce tunnel frontalier, d’une longueur de 57,5 km sera constitué de deux tubes à voie unique, selon la même conception que le tunnel sous la Manche. Il reliera les gares internationales de Saint-Jean-de Maurienne et de Suse, avec des interconnexions au réseau existant, en France et en Italie. L’objectif de cet ouvrage est de répondre à un défi majeur de l’arc alpin : la réduction de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre qui atteignent un niveau critique dans les vallées.. Sans une politique volontariste et active en faveur d’un transfert vers le rail, c’est la route qui continuera de supporter l’essentiel du trafic, ce qui est peu supportable pour les populations de ces territoires.

L’accord, signé le 8 mars 2015 à Venise par François Hollande et Matteo Renzi, conformément aux engagements pris avec l’Union européenne, a entériné le coût global de l’ouvrage fixé à 8,3 milliards d’euros et prévoit, pour la première fois en Europe l’application transnationale de la règlementation antimafia italienne dans l’attribution des marchés. L’Union Européenne finance 40 % du projet, le reste étant partagé entre les deux pays (35 % pour l’Italie et 25 % pour la France). Ce qui représente pour notre pays un coût moyen annuel de 200 millions d’euros pendant une douzaine d’années.

Comme pour beaucoup de grands projets d’infrastructure, le parcours a été long et difficile, avec des obstacles, des doutes et des oppositions. Les Etats cependant, que ce soit la France ou l’Italie ont toujours su faire preuve de persévérance et jamais, quel que soit le gouvernement en place, n’a été remise en cause l’opportunité de l’ouvrage. Le temps passé a permis d’affiner et d’améliorer le projet. L’Europe, à coup sûr, a eu un rôle essentiel par sa politique constante de constitution et de financement d’un grand réseau ferroviaire européen. Enfin il faut souligner le rôle et le courage politique de plusieurs élus du territoire qui ont su faire partager leur conviction, avec le soutien de nombreux acteurs économiques.

Depuis février 2015, la société publique franco-italienne TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin) que j’ai l’honneur de présider et qui est dirigée par Mario Virano, est chargée de la construction puis de l’exploitation du tunnel de base. Elle termine le percement des galeries de reconnaissance de Saint-Martin-la-Porte et Chiomonte, et prépare les appels d’offres de l’ensemble du chantier.

Ce chantier, particulièrement important pour la Maurienne, est un exemple de développement du territoire. Une « Démarche Grand chantier » a été mise en place sous le pilotage du préfet de Chambéry avec le soutien de la Région, visant à accompagner son déroulement et à valoriser le territoire grâce à des actions concrètes en faveur de la formation , de l’accès à l’emploi , de l’accueil des personnels et de l’aménagement local. Elle permet de rechercher les meilleures retombées économiques pour la vallée. Les travaux définitifs mobiliseront plus 2000 personnes sur ce territoire, c’est autant d’opportunités de développement qui seront créées.

A l’heure où l’Europe est en crise, nous démontrons par ce magnifique exemple de coopération européenne que nous pouvons, ensemble, construire un avenir commun. Un avenir où la sauvegarde de l’environnement n’est plus seulement un espoir mais un engagement concret, comme les Suisses l’ont fait avant nous en faveur du mode ferroviaire. Un avenir où le rapprochement des peuples est facteur de paix mais aussi de coopération en vue d’un développement durable. 

 

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