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Drôles d'amis

Les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont publié un livre sur les relations particulières de la France avec les monarchies du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis et Koweït).

Au-delà des révélations fracassantes lancées à l’encontre de quelques politiques français gourmands financièrement (parlementaires, membres du gouvernement, etc.) – révélations démenties par chacun des mis en cause - , les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot, grands reporters à France Inter et au Figaro, mettent en lumière dans leur livre les relations ambiguës entretenues par la France avec les pétromonarchies du Golfe. Les auteurs n’hésitent pas à mettre en cause ces pays du Golfe dans la propagation du salafisme. Ils pointent notamment du doigt le rôle particulier du Qatar qui, assurent-ils, « preuves à l’appui », subventionne la branche syrienne d’al-Qaida. Ils accusent encore l’Arabie Saoudite de jouer un double-jeu en fermant les yeux sur des levées de fonds organisées au cours du pèlerinage de la Mecque au profit d’organisations terroristes. Une ambiguïté qui n’est pas l’apanage de ces pays. On la trouve aussi en France. Christian Chesnot et Georges Malbrunot soulignent, par exemple, le double-jeu du maire de Cannes qui tout en dégainant un arrêté anti-burkini sur ses plages laissent construire, sans plus s’en soucier, deux mosquées avec des financements privés saoudiens.

Le pire dans tout ça, c’est que le plus souvent cette compromission ne sert à rien, ou du moins à pas grand-chose. Lorsqu’il est question de gros contrats et alors que François Hollande ou Laurent Fabius ont toujours fait en sorte de faire taire les critiques sur le royaume saoudien, Ryad n’a eu de cesse de considérer la France comme un « simple partenaire de compensation ». Tout ça pour ça. Un royaume saoudien que la France n’hésite pas non plus à aider dans sa guerre au Yémen – plus de 8000 morts dont de nombreux civils – en livrant des images satellites et en mettant à disposition nos avions, dans l’espoir d’hypothétiques investissements en France.

A quelques mois de l’élection présidentielle, les auteurs lancent un pavé dans la mare en affirmant que les Emirats arabes unis ont proposé de financer le parti de Marine Le Pen.

« Ne sommes-nous pas allés trop loin finissent par se demander les deux journalistes ? Si nous partageons les mêmes intérêts communs sur de nombreux dossiers (Iran, Syrie, Yémen, etc.), les pays du Golfe affichent des agendas diplomatiques parfois bien éloignés du nôtre. en Afrique notamment. Les diplomates français se taisent souvent ou minimisent les divergences, mais les militaires et les agents de renseignement, eux, s’inquiètent de cet activisme débridé » écrivent Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Les émirs du Golfe sont-ils vraiment nos amis ? Réponse dans ce livre. 


« Nos très chers Emirs » - Editions Michel Lafon.

 

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