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Alain Bocquet rend son tablier

Après 39 années et 9 législatures passées sur les bancs du Palus Bourbon, le député communiste Alain Bocquet a décidé de ne plus se représenter à la députation.

“Un monument”. C’est en ces termes que le chef de file des députés du Front de Gauche, André Chassaigne présente Alain Bocquet. « Un monument » certaines mauvaises langues auraient tout aussi bien pu dire « un dinosaure » de la politique. Député communiste du Nord, Alain Bocquet a posé le 14 février sa dernière question au Gouvernement avant de tourner la page de 39 années de vie parlementaire « commencée avec Jacques Chaban-Delmas et terminée avec Claude Bartolone » au Perchoir. L’occasion pour l’élu de rappeler aussi, avec un brin d’émotion, qu’il avait connu au fil de ses mandats « 24 gouvernements, 16 Premiers ministres, 5 présidents de la République, 12 présidents de l’Assemblée », qu’il « a usés » ajoute-t-il avec malice. A plus de 70 ans, le député a donc choisi de ne pas se représenter et de laisser sa chance à Fabien Rousset, secrétaire fédéral du PCF dans le département du Nord. « J’étais le plus ancien dans cette maison, je ne veux pas en être le doyen » a ainsi déclaré l’élu en conférence de presse.

Né le 6 mai 1946 à Marquillies (Nord), fils d’Oscar, mineur et d’Antoinette, mère au foyer, il choisit à 18 ans de rejoindre les rangs du Parti communiste face à « l’injustice » du monde qu’il connaît. Commence alors pour le militant une belle carrière d’apparatchik. De Secrétaire de la fédération du Nord des Jeunesses communistes, il devient tour à tour membre du Comité fédéral du Nord, Secrétaire fédéral, membre du Comité central, membre du Bureau politique. Au point de parler de lui comme du possible successeur de Georges Marchais à la tête du Parti. Dans l’intervalle, Georges Marchais le désigne président du groupe communiste à l’Assemblée en 1993. Encore un effort et il sera Secrétaire général du PCF. Peine perdue, Robert Hue lui est préféré. Une cruelle désillusion qui s’accompagne d’une période de disgrâce comme celle que l’on pouvait connaître en Urss. Mais le militant est un battant. En parallèle de son ascension et de sa chute au sein du PCF, Alain Bocquet mène une vie politique locale active. En 1977, il est adjoint au maire de Lille, Pierre Mauroy. En 83, il est conseiller municipal de Valenciennes, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais en 1992. Il est enfin élu Maire de Saint-Amand Les Eaux en 1995 et président de la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut depuis 2000. Dans le même temps, cet éducateur spécialisé de formation a été élu député la première fois en 1978 et constamment réélu depuis.

Celui qui a récemment publié avec son frère, le sénateur Eric Bocquet « Sans domicile fisc », évoque dans son ultime question une finance « devenue folle et tyrannique » qui « met la main sur tous les leviers de commande et vient d’entrer en force à la Maison Blanche, avec toutes les dérives redoutées ». Il demande au gouvernement la tenue d’une « COP de la finance et de la fiscalité sous l’égide de l’ONU » sur le modèle de la conférence mondiale sur le climat.

Au nom du gouvernement, Christian Eckert, dans sa réponse, a salué les « convictions fortes, respectées, et complètement assumées » du député. Alain Bocquet n’en a peut-être pas totalement fini avec l’Assemblée, puisqu’il pourrait être le suppléant de son remplaçant si celui-ci devait être élu. 

 

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