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Ouverture des commerces en gare le dimanche

La publication au Journal officiel du décret autorisant l’ouverture le dimanche des commerces situés dans les gares est pour la SNCF une bonne nouvelle. Aujourd’hui seules les douze plus grandes gares de France peuvent ouvrir le dimanche. « Gares et Connexions » qui gère pour la SNCF les espaces commerciaux des gares veut aller plus loin et demande au Gouvernement un élargissement des ouvertures.

La Loi Macron autorisant l’ouverture des commerces le dimanche sous certaines conditions est une bonne nouvelle pour « Gares et Connexions », la société qui gère pour la SNCF les espaces commerciaux des gares qui se félicite de cette nouvelle opportunité de développement. « Les gares sont les portes d’entrée des villes et de la France rappelle d’ailleurs son PDG, Patrick Ropert. Le commerce en gare constitue un service pour les voyageurs et participe à la sécurisation et à l’humanisation de la gare ». Rien que cela. Chaque dimanche, quelque 6 millions de voyageurs transitent en gare dans toute la France. Et bien que le trafic le dimanche soit d’environ 40 % plus fiable en raison notamment de l’absence de voyageurs du quotidien, la part de touristes est toutefois plus importante le dimanche qu’en semaine. En moyenne, la proportion de touristes en gare atteint 37 % le dimanche dans les douze gares sélectionnées contre 27 % en semaine, ce qui représente plus de 368 000 personnes. Ce taux de touristes est particulièrement élevé dans certaines gares comme Avignon-TGV (54 %), Lyon-Part-Dieu (53 %), Nice (49 %), Paris- Gare de Lyon (44 %). Quant à la Gare du Nord à Paris, elle est la première gare d’Europe avec 700 000 voyageurs par jour, dont 33 % de touristes le dimanche. A titre de comparaison « Gares et Connexions » cite l’exemple du centre commercial Les Quatre Temps de la Défense, le plus vaste de France et ses 125 000 visiteurs par jour… Une clientèle qu’il serait alors dommage de laisser filer, les lieux de flux tels que les gares constituant en effet « un formidable levier de croissance et de création de valeur pour les quartiers dans lesquels elles s’inscrivent ».

Douze gares, dont six parisiennes

Avec le décret d’application publié le 11 février dernier, avec tout de même quatre mois de retard par rapport aux prévisions initiales de la Loi Macron promulguée l’été dernier, ce sont donc 12 principales gares françaises qui se voient autorisées à ouvrir leurs commerces le dimanche. On compte d’abord les six gares parisiennes auxquelles s’ajoutent les gares de Marseille, Lyon-Part-Dieu, Nice, Bordeaux, Avignon-TGV et Montpellier. D’autres gares pourraient suivre : Lille, Strasbourg, Nantes et Toulouse. Mais pour le PDG de « Gares et Connexion », ce n’est pas assez. : « Aujourd’hui douze gares sont autorisées par décret à ouvrir leurs commerces le dimanche, nous estimons qu’une trentaine pourraient ouvrir utilement ce jour-là » souligne Patrick Ropert qui pense notamment à Dijon, Amiens, Le Mans, Tours et Reims…

1000 emplois créés

Selon ses calculs, « Gares et Connexions » chiffre à 150 le nombre de commerces de gares qui vont pouvoir lever leur rideau le dimanche, dont 128 dans les seules gares parisiennes. Ce qui devrait générer la création de 1000 emplois, CDD et CDI confondus. « Ces effets positifs se ressentiront principalement dans les 6 grandes gares parisiennes qui accueillent 128 des 149 commerces concernés. Parmi ces 6 gares, celles de Paris-Saint-Lazare, Paris-Montparnasse et Paris-Nord sont les plus directement concernées avec respectivement, 54, 20 et 19 commerces actuellement fermés et qui vont pouvoir ouvrir » indique un communiqué de « Gares et Connexions ». Compte tenu des projets de rénovation et développement de gares en cours, Gares et Connexions voit grand et prévoit une croissance de 50 % des points de vente d’ici 2020. « L’impact économique de l’ouverture des commerces le dimanche va s’amplifier dans l’avenir notamment dans les gares de province » s’aventure à dire sans trop de risque, « Gares et Connexions ».

Mais l’ouverture de ces commerces reste pour beaucoup suspendue à des négociations avec les syndicats qui dans le cas des ouvertures en zones touristiques internationales (ZTI) ont très souvent mis leur véto à des accords sociaux rendus obligatoires par la Loi Macron. Reste pourtant qu’à la différence de ces ZTI justement, l’ouverture dans les gares est facilitée notamment parce que la grande majorité des boutiques sont des franchisées et qu’elles ont moins de 11 salariés ce qui les dispenses d’obtenir un accord. Les autres ont mis à profit le retard dans la publication du décret pour se préparer à leur ouverture le dimanche et négocier avec les salariés et les syndicats. A Saint-Lazare par exemple, deuxième gare d’Europe en terme de trafic avec 450 000 voyageurs par jour, 68 % des commerces sont ouverts le dimanche.

Une spirale vertueuse

Plusieurs enseignes ont signé des accords, d’autres sont encore en négociation et certaines n’ont pas encore franchi le pas. Pour ce qui est du commerce alimentaire, les boutiques pourront, et elles ne se privent pas de le faire comme Carrefour City, ouvrir le dimanche toute la journée et non plus seulement jusqu’à 13 heures. Pour ne pas concurrencer les pharmacies de garde, les pharmacies en gare resteront fermées. Pour autant, tout n’est pas encore gagné. Fer de lance de la contestation, l’intersyndicale du Clic-P, opposée au travail le dimanche a lancé une procédure devant le Conseil d’Etat contre le décret portant ouverture dans les douze gares au motif qu’il manquait de précision quant à la délimitation de « l’emprise d’une gare » et sur le caractère non touristique de certaines sites d’ouverture.

En 2015, les 1500 magasins et restaurants situés dans 400 gares dotées d’au moins un commerce sur les 3029 gares en service ont réalisé un chiffre d’affaires cumulé de 1,4 milliard d’euros, soit une augmentation de 4,6 % par rapport à 2014. La moitié des ventes ayant été réalisée dans les 6 gares parisiennes et celle de Lyon-Part-Dieu. Une somme rondelette qui aiguise les appétits. Patrick Ropert voudrait porter ce chiffre d’affaires à 2,2 milliards en 2023, ce qui permettrait à la SNCF d’engranger 340 millions d’euros de redevances versées par les boutiques contre 170 millions aujourd’hui. « C’est une spirale vertueuse se réjouit Patrick Ropert. Plus les commerçants gagnent dans une gare et plus nous gagnons ». Mais le PDG de « Gares et Connexions » reste toutefois prudent : « il faudra du temps pour dresser le bilan commercial de l’ouverture dominicale. Il en faudra aussi pour montrer que ça fonctionne » prend-il soin d’ajouter. C’est aussi pour la SNCF, une nécessité. Rénover et réaménager les gares n’est pas indolore pour la SNCF qui entend passer de 180 000 m2 de surfaces commerciales à 300 000 m2 dans les prochaines années. Bientôt en travaux la gare Montparnasse devrait voir sa surface commerciale passer ainsi de 9000 m2 à 19000 m2. Entre 2015 et 2020 ce sont 2,2 milliards d’euros, dont 330 millions en 2015 qui auront été investis par « Gares et Connexions » pour transformer les gares en centres commerciaux. 

 

• 3 029 gares en France
• 6 millions de voyageurs dans les gares chaque dimanche
• 180 000 m2 de commerces gérés dans les gares
• 12 gares concernées par l’ouverture de commerces le dimanche
• 340 millions d’euros de redevances versées par les commerçants
• 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires cumulé pour les 1500 magasins présents dans 400 gares
• +4,6 % de hausse du CA par rapport à 2014

 

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