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Vers une taxation des céréales russes

Pour rassurer l’Ukraine et plusieurs Etats membres, la Commission européenne a proposé d’augmenter les droits de douane sur les importations de céréales et d’huiles russes et biélorusses.

“L’accès de la Russie au marché agricole européen est toujours illimité” s’est emporté le président ukrainien Volodymyr Zelensky en s’adressant aux dirigeants de l’UE réunis à Bruxelles les 21 et 22 mars derniers « Pendant que des céréales ukrainiennes sont jetées sur les routes ou les voies ferrées, comme cela a été le cas en Pologne, des produits russes continuent d’être acheminés vers l’Europe » et « c’est injuste » s’est-il empressé d’ajouter. Une situation qui n’avait évidemment pas échappé à l’UE qui ne savait comment y répondre craignant les conséquences d’un embargo sur les céréales russes. Finalement, la commission a proposé d’augmenter les droits de douane sur les importations de céréales et d’huiles russes et biélorusses qui pourraient s’élever à 95 euros par tonne ou à 50 % de la valeur des céréales, des huiles et des produits qui en sont issus pour des produits vendus de 200 à 220 euros la tonne. Jusque-là ces produits bénéficiaient de droits nuls ou quasi nuls. Ces droits de douane « sont conçus pour être suffisamment élevés pour décourager les importations actuelles » en provenance de Russie et de Biélorussie, explique un responsable de la Commission.

En 2023, la Russie a exporté 4,2 millions de tonnes de produits agricoles vers l’UE (dont 1,5 million pour les seules céréales) pour une valeur de 1,3 milliard d’euros. Pour la Biélorussie, on ne parle que 610 000 tonnes pour 246 millions d’euros. Ce qui inquiète, ce ne sont pas les volumes qui sont relativement modestes mais plutôt les prix cassés pratiqués par les Russes qui provoquent une chute des cours mondiaux. Une concurrence qui inquiète tout particulièrement la filière française, première productrice en Europe qui n’a pas hésité à mettre la pression face à la « menace russe ». Elle pointe notamment les incursions russes dans son pré carré. Alors que la France fournissait plus de 50 % des achats de l’Algérie, sa part est tombée à 20 % tout récemment. Et le Maroc n’hésite plus non plus à acheter du blé russe.

Peu à peu, les céréales russes grignotent des parts de marché, Moscou n’hésitant pas parfois à offrir gracieusement son blé comme il l’a fait en Afrique. La Chine et l’Inde ont signé récemment des accords avec Moscou. Les estimations montrent que la Russie de Poutine Moscou devrait franchir la barre symbolique des 50 millions de tonnes d’exportation en 2024. Il faudra à l’avenir compter sur la Russie.

La proposition de la commission doit encore être adoptée par le Conseil de l’UE à la majorité qualifiée. 

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