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L’usage de l’eau ? Par qui, pour quoi ?

La question de l’usage de la ressource eau s’impose chaque année un peu plus. Les épisodes de sécheresse se multipliant, le partage de la ressource se tend parfois. L’an dernier, le gouvernement a présenté un « Plan eau » avec une série de mesures réglementaires pour en assurer une gestion équilibrée et un meilleur partage lorsqu’elle se raréfie.

Sur le territoire métropolitain, le volume moyen annuel de la ressource eau s’établit à près de 210 milliards de m3 disponibles dans les nappes, lacs et cours d’eau français. Ce volume se renouvelle chaque année grâce aux précipitations et avec les fleuves et rivières français ou provenant des territoires voisins. Pour autant cette disponibilité qui semble abondante est soumise à de multiples facteurs avec des aléas climatiques récurrents et des hausses de consommation selon les saisons qui peuvent provoquer des conflits d’usage et des pénuries temporaires localement.

En France, les prélèvements en eau totalisent environ 31 milliards de m3. Plus de 80 % du volume d’eau douce prélevée sont puisés dans les eaux de surface (rivières, lacs, canaux, retenues, etc.).

Pour être précis, il faut bien distinguer l’eau prélevée et l’eau consommée. Le prélèvement correspond aux eaux puisées dans les rivières, lacs et nappes et 85 % de ce volume retournent ensuite dans ces milieux aquatiques. La consommation correspond à la partie de l’eau prélevée non restituée aux milieux aquatiques. « Cette part est très variable selon les utilisations. En moyenne, entre 2010 et 2018, le volume annuel d’eau consommée est estimé à 4,1 milliards de m3 en France métropolitaine (soit environ 15 % des 27,8 milliards de m3 d’eau prélevée, hors alimentation des canaux), ce qui représente 64 m3/habitant » a calculé le Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique.

Selon ces données, l’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 57 % du total, devant l’eau potable (26 %), le refroidissement des centrales électriques (12 %), et les usages industriels (5 %).

La répartition géographique des prélèvements d’eau douce varie selon les usages. Si les volumes destinés à l’eau potable sont répartis sur l’ensemble du territoire, ceux pour l’agriculture sont plutôt concentrés dans le Sud du territoire, et ceux pour l’industrie à l’Est et au Nord. Une très grande partie du volume d’eau douce prélevé pour le refroidissement des centrales électriques est concentré sur un nombre restreint de sites. L’eau consommée est attribuée majoritairement à l’agriculture dans les bassins Adour-Garonne (80 % du total d’eau consommée), Loire-Bretagne (59 %) et Rhône-Méditerranée (56 %), à l’eau potable en Artois-Picardie (59 %) et en Seine-Normandie (53 %), et à la production d’électricité en Rhin-Meuse (36 %). 

L’eau en agriculture
En 2019, les prélèvements pour l’agriculture représentent 10 % des volumes d’eau prélevés. La très grand partie de ce volume (80 %) est destinée à l’irrigation. Cette irrigation vient en complément des apports pluviométriques mais sert aussi à compenser les périodes de pénuries (sécheresses).
L’eau prélevée sert aussi à l’abreuvement des animaux d’élevage, le nettoyage des bâtiments et des matériels agricoles. Enfin, une part marginale de l’eau prélevée et déclarée comme tel sert également à des usages autres qu’agricoles (lutte contre l’incendie, rechargement des nappes, usages domestiques), dans le cas où le prélèvement est réalisé de façon collective par des associations syndicales autorisées d’irrigation.
Il apparaît enfin que la part de l’eau restituée aux milieux aquatiques par rapport à la quantité d’eau prélevée pour les usages agricoles « est la plus faible de tous les usages ». Les conflits d’usage se comprennent aussi par la saisonnalité du prélèvement nécessaire pour l’irrigation des cultures, le plus souvent en périodes estivales, entre avril et septembre, au moment où le débit naturel des cours d’eau est le plus bas (période d’étiage). L’eau prélevée pour l’agriculture est, en moyenne, majoritairement puisée en eaux de surface (59 % en 2019). Néanmoins, cette répartition est particulièrement contrastée entre le sud et le nord du territoire.

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