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Développer un environnement favorable à l’attractivité des talents et à l’innovation

Par Franck Leroy, Président de la Région Grand Est

Avec la loi NOTRe et la loi 3DS, les compétences de l’échelon régional des collectivités territoriales ont été reprécisées. L’article L4221-1 du code général des collectivités territoriales prévoit notamment que le Conseil Régional est compétent pour « promouvoir le développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique de la région ».

La Région Grand Est occupe un territoire d’un peu plus de 57 000 km2, compte 5,5 millions d’habitants, et génère une valeur ajoutée de 153 milliards d’euros, soit respectivement environ 10 % de la surface du pays, 8 % de sa population et 6,5 % de sa valeur ajoutée.

Il y a donc pour nous un véritable enjeu de redynamisation de notre économie, profondément marquée par le poids de l’industrie. Je suis convaincu qu’il est nécessaire pour cela de développer un environnement favorable à l’attractivité des talents et à l’innovation.

Depuis 2016, nous œuvrons dans cette perspective en renforçant les coopérations entre les établissements d’enseignement supérieur et de recherche à l’échelle du Grand Est et autour des priorités stratégiques régionales. De Charleville à Mulhouse, de Chaumont à Haguenau, en passant évidemment par Reims, Troyes, Nancy, Metz et Strasbourg, nous voulons développer nos domaines d’excellence scientifique et la richesse de l’offre de formation en cohérence avec les réalités et les besoins de nos territoires.

Depuis juillet 2020, notre nouvelle stratégie régionale en matière d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation vise précisément à adresser l’ensemble des enjeux stratégiques de développement de notre région que constituent la santé, les biotechnologies, la bioéconomie, le numérique, les matériaux, l’environnement et l’industrie du futur.

Les 12 000 chercheurs, 225 000 étudiants, cinq universités, une cinquantaine d’écoles supérieures que compte notre Région représentent une véritable chance pour nos territoires. Et j’oserais dire que nos territoires sont aussi une chance pour les établissements, et cela pour deux raisons principales.

La première, concerne la place des collectivités territoriales dans le financement de ces activités de recherche et d’innovation.

Chaque année, les collectivités territoriales du Grand Est mobilisent 120 millions d’euros pour soutenir des thèses, des colloques, accompagner des start ups, la mobilité internationale des étudiants, les projets d’animation de la vie étudiante et les grands projets de R&D entre laboratoires et entreprises. La Région contribue à la moitié de ces moyens mobilisés, l’autre moitié étant répartie entre les départements et les intercommunalités du Grand Est.

Dans le Grand Est, la dépense publique en recherche et développement est d’environ 1 milliard d’euros. Si de fait, le soutien des collectivités représente un peu plus de 10 % de ces dépenses, il est intéressant de comparer ces moyens au regard de la nature des dépenses de R&D. 65 % des dépenses publiques de R&D sont des dépenses de masse salariale. Ainsi, le soutien des collectivités territoriales représente près du tiers des moyens consacrés à autre chose que la rémunération des personnels, permettant ainsi un soutien souvent décisif pour porter des projets innovants, qui sortent du cadre habituel des activités de R&D publiques.

La seconde raison est la dépendance des futurs développements industriels dans nos territoires aux activités de R&D.

En effet, le développement industriel de nouveaux procédés nécessite l’atteinte d’un haut niveau de maturité technologique. En accompagnant les porteurs de projets, de l’idée à la production, du laboratoire au démonstrateur industriel, la Région se donne le maximum de moyens pour accueillir dans ses territoires les premières usines de ces nouvelles industries, premières pierres d’une nouvelle histoire industrielle pour nos territoires.

De surcroit, cette industrialisation nouvelle s’opère majoritairement dans les territoires en capacité d’accueillir de tels projets, soit sur des friches industrielles, soit sur des zones d’activités réservées pour cet usage, et donc souvent dans les territoires ruraux. D’ailleurs les chiffres le prouvent : l’emploi industriel est plus important dans le milieu rural et périurbain, représentant 30 % à 90 % de plus que l’ensemble de l’emploi toutes catégories confondues dans les communes situées dans les couronnes de grands pôles, les pôles moyens ou les petits pôles.

Ainsi, les politiques relatives à l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation constituent une condition nécessaire au développement, d’une économie et d’une industrie compétitive, sans en être une condition suffisante. De par son niveau d’intervention, la région se révèle être un niveau plus que pertinent pour mettre en résonnance l’ensemble des politiques publiques permettant d’atteindre un développement économique, social et environnemental de l’ensemble de son territoire. 

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