Le ferroviaire est un des modes de transport pour lequel les attentes des concitoyens sont très fortes. Pouvez-vous nous expliquer quelle est l’activité de SNCF Réseau sur le territoire Grand Est ?

Je tiens d’abord à vous dire combien je suis, avec les 5800 agents de SNCF Réseau, fière d’être dans une Région qui porte haut et fort le ferroviaire dans sa politique de mobilité et ses programmes d’investissement !

En Grand Est, nous avons la chance d’avoir un réseau ferroviaire bien maillé et pour tous types d’usage : une ligne à grande vitesse pour les déplacements rapides et lointains, des lignes principales pour relier les grandes agglomérations, des lignes régionales pour les dessertes de proximité et le périurbain, et enfin des lignes spécifiques aux besoins des entreprises du Grand Est pour leur desserte logistique.

Sur ces lignes, SNCF Réseau gère la circulation quotidienne de 2300 trains, dont 80 % de trains régionaux. Nous gérons aussi les incidents quelles que soient leurs origines, 24h/24, nous réalisons les travaux de régénération, de modernisation et de développement du réseau et nous en assurons la maintenance. Pour fixer les ordres de grandeur, SNCF Réseau va dépenser cette année 650 Me financés sur fonds propres pour l’entretien et le renouvellement du réseau, et 100 Me pour le développement du réseau via des financements du CPER.

L’obsession des équipes de SNCF Réseau Grand Est et le mien pour chaque euro dépensé : un réseau plus performant, sur tout le territoire régional, bien préparé pour demain et bien interfacé avec le futur réseau régional qui se dessine.

Récemment, l’Etat et la Région Grand Est ont signé un protocole du Contrat de projets Etat-Région Grand Est. Qu’en est-il globalement des investissements sur le ferroviaire ?

Les services de l’Etat et de la Région sont très engagés sur le ferroviaire et nous avons contribué collectivement à la construction d’une maquette de CPER cohérente avec l’ambition de porter un très fort développement du ferroviaire dans toutes ses composantes : pour le transport de voyageurs bien sûr, mais aussi pour le transport de marchandises et ce, dans la perspective de leur développement respectif en bonne cohabitation sur le réseau. Ce CPER, dont le contenu est ambitieux et nécessaire, est une excellente nouvelle pour la mobilité et l’attractivité du territoire, pour les clients et les industriels !

Plus globalement, sur le périmètre des investissements ferroviaires sous maîtrise d’ouvrage de SNCF Réseau, on n’a jamais investi autant dans le ferroviaire régional pour le maintenir, le régénérer, le moderniser et le développer.

Nous avons une trajectoire en Grand Est de 3,8 Milliards d’e entre 2023 et 2028, c’est inédit, c’est un véritable changement d’échelle dans l’approche du ferroviaire !

Il nous faut maintenant être collectivement à la hauteur de l’enjeu, en mettant en place l’organisation qui permettra de réaliser ce qui est attendu de nous. Nous nous challengeons sur le sujet car nous devons être au rendez-vous sur notre capacité à produire cet important volume d’études et de travaux, et j’ai confiance dans notre collectif pour nous transformer, l’enjeu est fondamental pour la société qu’il nous faut construire sans attendre.

Au-delà de ces chiffres, pouvez-vous nous donner quelques exemples d’actions concrètes qui vont être réalisées pour les lignes de desserte fine du territoire ?

Je commencerai par évoquer les lignes de desserte fine du territoire à vocation voyageurs. C’est un sujet très important pour la Région Grand Est et donc pour SNCF Réseau car cela concerne la mobilité du quotidien et l’attractivité du territoire régional. En 2023, la mobilisation a été exceptionnelle : près de 48 Me de travaux ont été réalisés, contre 30 Me les années précédentes et nous les avons vus, cet été notamment, entre Saales et Saint-Dié-des-Vosges, entre Mommenheim et Sarreguemines et entre Haguenau et Wissembourg. Et l’effort se poursuivra pour s’amplifier en 2024 avec 55 Me répartis sur 13 lignes.

Pour les lignes de desserte fine du territoire à vocation fret, très importantes pour l’activité économique des territoires, une démarche stratégique a été conduite avec la Région et l’Etat dès 2020 pour mobiliser tous les acteurs - collectivités, Ports et chargeurs. Grâce à la constitution de plus de 35 comités de ligne, une première enveloppe de 73 Me a été rassemblée en 2022 pour maintenir la performance d’une dizaine de lignes. Nous avons pu réaliser 9 M€ de travaux dès 2022 sur la ligne qui dessert les carrières de Dugny. En 2023, nous avons consacré 4 Me aux travaux de la ligne entre Conflans et Batilly, qui dessert le site Renault, et à peu près autant à la ligne qui dessert Roquette à Beinheim. En 2024, le programme prend encore de l’ampleur avec 38 Me sur les lignes qui desservent des activités agroalimentaires (Cristal Union, Soufflet, Vivescia), des ports (Strasbourg, Huningue), des sites militaires,... A chaque fois, c’est la chaîne logistique des acteurs économiques du Grand Est qui est confortée, et c’est autant de camions en moins qui viennent encombrer les routes du territoire.

Et nous poursuivons nos efforts sur toute la période 2023-2027 avec près de 150 Me d’investissements dédiés aux lignes de desserte fret, sujet sur lequel la Région Grand Est s’est beaucoup investie de longue date, sachant que le territoire voit circuler plus de 20 % du trafic ferroviaire fret de France.

Le projet d’électrification entre Nogent-sur-Seine et Troyes est là encore très attendu par les élus et les habitants du territoire. Ce sera bientôt une réalité ?

Tout à fait ! L’électrification de la ligne entre Nogent-sur-Seine et Troyes arrive dans sa phase de réalisation. C’est le projet d’électrification le plus important en France actuellement. C’est aussi le plus important chantier d’ouvrages d’art en Grand Est, avec près de 30 ponts à modifier.

Nous savons que ce projet est très attendu par tout le territoire, et nous avons pu le mesurer avec la présence de nombreux élus lors du lancement de la base-travaux de Romilly-sur-Seine le 8 décembre 2023, parmi lesquels le Ministre chargé des Transports, le Président de la Région Grand Est et le Maire de Troyes. Une 1ère tranche de travaux de 88 Me a été déjà signée en 2023, et une 2nde tranche viendra la compléter en fin d’année 2024. Nous avons tous les yeux rivés sur la mise en service en août 2028 !

Y a-t-il d’autres projets de grande ampleur sur la région ?

Bien sûr, par exemple la nouvelle liaison ferroviaire de 6 km qui connectera l’EuroAirport à Bâle et à Mulhouse. Elle est en bonne voie, car nous venons de terminer les études d’avant-projet et nous lançons dès cette année la dernière phase d’étude grâce au financement auquel la Région participe.

Il y a aussi des projets en Lorraine – je pense au programme d’opérations pour augmenter le nombre de trains sur le sillon lorrain et constituer à terme un Service Express Régional Métropolitain. Nous allons aussi lancer les études du SERM rémois et poursuivre celles du SERM de Strasbourg.

La liste des projets est longue car c’est le renouveau du ferroviaire qui se prépare avec des politiques régionale et nationale qui boostent les investissements (CPER, programme de régénération) et viennent porter le développement des trafics pour les clients et les entreprises du Grand Est.

Nous allons construire les SERM, nous portons de grands projets comme l’électrification entre Nogent-sur-Seine et Troyes ou la nouvelle liaison ferroviaire de l’EuroAirport, nous nous mobilisons fortement sur les lignes de desserte fine voyageurs et fret, nous allons porter des études pour développer le fret ferroviaire de longue distance. Ce sont de superbes chantiers et les 5800 agents de Réseau Grand Est sont tous mobilisés pour réussir cette transformation ! ■