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Déserts médicaux : l’UFC-Que Choisir attaque l’État en justice

L’association UFC-Que choisir a déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour dénoncer « l’inaction du gouvernement face aux inégalités croissantes d’accès aux soins » et lui demande d’agir. Ce recours intervient dans la foulée de la dernière étude de l’association qui montre, selon elle, « l’aggravation criante » de ces inégalités. Il intervient aussi « après des années de négociations auprès des décideurs politiques » restées « sans réponse ».

L’accès géographique à la médecine de ville, qui s’est détérioré ces dernières années – 44,4 % de la population « a vu l’accessibilité aux généralistes se dégrader » - est « aujourd’hui extrêmement dégradé sur le territoire » constate l’association. En se basant sur l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, l’étude montre en effet que 19,3 % des Français résident dans un désert médical*pour l’ophtalmologie, et que 24,8 % des femmes et 28,9 % des enfants habitent respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique. Si les déserts médicaux sont moins répandus pour les généralistes (2,6 % de la population), la situation reste tout de même tendue pour 23,7 % des usagers « qui ont d’importantes difficultés pour accéder à ce pilier du parcours de soins à moins de 30 minutes de chez eux ». « En combinant la dimension géographique et financière de l’accès aux soins, c’est-à-dire en ne prenant en compte que l’accès aux praticiens ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, la situation devient absolument catastrophique en ce qui concerne l’accès aux spécialistes, et ceux tant dans les zones rurales qu’urbaines » poursuit UFC-Que choisir. En fixant l’attention sur les seuls médecins respectant le tarif de base de la sécurité sociale, ce sont ainsi 50,3 % des enfants qui habitent dans un désert médical pour les pédiatres, 59,3 % des habitants du pays qui résident dans un désert médical pour les ophtalmologues, et 69,6 % des femmes qui sur le territoire national vivent dans un désert médical pour les gynécologues souligne l’étude. « Au global, ce sont 83 % de nos concitoyens qui vivent dans un désert médical pour au moins l’une des spécialités ! » s’emporte l’association.

Pour l’enquête, des bénévoles de l’association ont contacté anonymement 2 642 médecins généralistes présents dans 70 départements pour savoir s’ils acceptaient de les suivre en tant que médecin traitant, la majorité des généralistes interrogés (51,5 %) ont refusé cette demande alors qu’ils étaient 44 % en 2019. L’association a également contacté 761 ophtalmologues, dont 28 % ont refusé de planifier un rendez-vous, la majorité proposant des délais très longs, soit 65 jours en moyenne. « Ces résultats montrent une inquiétante dégradation de la situation » déplore UFC-Que choisir pas vraiment surprise, expliquant cette situation notamment « par une hausse des besoins » et « une vague de départs à la retraite ».

« Devant l’urgence à mettre fin aux inégalités territoriales sur l’accès aux soins et refusant d’assister plus longtemps au spectacle affligeant d’un gouvernement faisant preuve d’immobilisme », l’UFC-Que Choisir, a donc décidé de déposer ce recours devant le Conseil d’État pour qu’il « constate et sanctionne l’inaction du gouvernement, mais en plus qu’elle l’enjoigne à prendre sans délai les mesures courageuses permettant de résorber la fracture sanitaire ». En parallèle, l’association appelle l’ensemble des Français « à soutenir massivement son action en signant et partageant sa pétition « Accès soins – J’accuse l’État » »

Face aux déserts médicaux, la “solution radicale” d’Emmanuel Macron
Lors de sa conférence de presse de rentrée, le Chef de l’Etat s’est prononcé en faveur d’une « solution radicale pour mettre fin au scandale des déserts médicaux ».
Pour le « docteur » Emmanuel Macron d’abord le constat : « On a aujourd’hui un peu moins de cent mille médecins généralistes. On en a perdu six mille en 10 ans. C’est ça, la réalité. Et, malgré le fait qu’en 2018 j’ai décidé de rouvrir le numerus clausus et donc de créer plus de places, on met 10 ans à former des médecins et on a environ 25 à 30 % de nos médecins généralistes qui ont plus de 60 ans ». Pour « les cinq à sept ans qui viennent, le seul moyen, c’est d’organiser différemment les choses » a jugé le président inquiet. Il propose alors de « dégager du temps aux médecins » en prônant « une coordination plus simple [avec] les professions paramédicales (infirmiers, kinésithérapeutes, etc.) » Rien de nouveau. Deux lois récentes portées par la députée Renaissance Stéphanie Rist permettent déjà un accès direct à d’autres professionnels de santé comme les masseurs-kinésithérapeutes, sans prescription médicale si cela est fait dans une maison ou un centre de santé et dans la limite de huit séances par patient.
Emmanuel Macron souhaite également un « paiement au patient plutôt qu’à l’acte » qui devrait selon lui permettre de privilégier la qualité de soin au nombre d’actes.
Emmanuel Macron propose aussi « d’assumer sur le terrain de régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins et que nous laissons dans une précarité administrative complètement inefficace ». Cette régularisation des médecins étrangers présents en France a été confirmée par le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale. Gabriel Attal a aussi annoncé la nomination prochaine d’un « émissaire chargé d’aller chercher à l’étranger des médecins qui voudraient travailler en France

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