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Une nuit passée sur un brancard aux urgences augmenterait le risque de mortalité des personnes âgées

L’étude « No Bed Night » menée par les équipes de l’AP-HP, de l’Inserm et de Sorbonne Université s’est intéressée à la mortalité des patients âgés ayant passé une nuit aux urgences sur un brancard en attendant une hospitalisation. Le sur-risque de mortalité serait de 40 %.

“Les résultats sont impressionnants” a reconnu au micro de France Inter, l’un des coordonnateurs de l’étude, le Professeur Yonathan Freund, médecin urgentiste à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui avec cette enquête a pour la première fois, apporté « la preuve scientifique » d’une surmortalité chez ces patients âgés. Plusieurs études préliminaires rétrospectives avaient cependant déjà suggéré que passer une nuit sur un brancard pour une personne âgée pouvait aggraver la mortalité des patients. Mais jusque-là aucun lien de causalité n’avait été formellement établi. « En particulier manquait la quantification du risque chez les plus fragiles des patients ». L’étude qui a été menée en décembre 2022 dans 97 services d’accueil des urgences en France a concerné 1.598 patients de plus de 75 ans.

Il faut rappeler qu’en décembre 2022, les services d’urgences en France et en Europe subissaient une augmentation considérable du nombre de patients à hospitaliser en urgence, dont une importante proportion de patients fragiles et âgés. Le système hospitalier ne pouvait alors « efficacement faire face à une telle pression due en partie à une triple épidémie concomitante : COVID-19, grippe, et virus respiratoire syncitial (VRS), situation aggravée par une diminution du nombre de lits disponibles en aval des urgences du fait d’une pénurie de personnels » précise l’étude qui confirme qu’un nombre inhabituellement élevé de patients âgés ont dû passer au moins une nuit sur un brancard aux urgences dans l’attente d’une place d’hospitalisation.

Les relevés disséqués, le diagnostic tombe : après avoir pris en compte les comorbidités et la gravité initiale des patients, l’étude montre que le fait de passer une nuit aux urgences est associé à « un risque significativement plus élevé de décès intra-hospitalier : une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente de près de 40 % le risque de mortalité hospitalière, qui passe ainsi de 11,1 % à 15,7 % ». « Si tous les patients de cette étude avaient pu être admis avant la nuit dans une chambre d’hospitalisation, 3 % des décès auraient pu être évités » énonce sobrement le communiqué de l’APHP. L’étude démontre qu’une nuit sur un brancard pour une personne âgée entraîne également un sur-risque d’apparition de complications durant l’hospitalisation (infections nosocomiales, chutes, saignements, …). Pour les auteurs de l’étude, les facteurs de surmortalité sont « le fait de ne pas dormir, ne pas avoir le suivi suffisant, car le service est surchargé, ou ne pas avoir toujours le traitement à temps ». « Parmi les patients avec un niveau d’autonomie limité et nécessitant une assistance au quotidien, passer la nuit sur un brancard aux urgences augmente de près de deux fois le risque de mortalité » ajoutent-ils. En conclusion, cette large étude prospective d’envergure nationale, publiée dans la revue JAMA Internal Medicine, montre qu’une nuit passée aux urgences en attendant une place d’hospitalisation augmente significativement la mortalité des patients de plus de 75 ans, et en particulier celle des plus fragiles. « Des mesures doivent être prises pour éviter autant que possible cette surmortalité, et l’objectif de « zéro lits brancards » aux urgences en particulier pour les patients de plus de 75 ans doit être considéré comme un objectif de santé publique » concluent alors les auteurs. 


Une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente de près de 40 % le risque de mortalité hospitalière.


La consommation d’antibiotiques en hausse
Les données de Santé publique France confirment une reprise de la consommation d’antibiotiques en secteur de ville en 2022 et ce pour la deuxième année consécutive. Plus de 800 prescriptions d’antibiotiques pour 1 000 habitants ont été réalisées au cours de l’année (hors hospitalisation), soit une augmentation de 16,6 % par rapport à 2021. Une hausse qui intervient après une baisse importante des prescriptions d’antibiotiques en 2020, concomitante aux mesures de gestion de la pandémie de COVID-19 (confinements, adoption de gestes barrière et baisse des consultations médicales) et à une moindre fréquence de certaines infections.
En détail, l’enquête pointe une consommation supérieure à celle de 2019 chez les enfants de 0 à 4 ans ; « les prescriptions d’antibiotiques sont les plus élevées dans cette tranche d’âge et dépassent celles de 2019, avant la pandémie de COVID-19 ». A noter encore une reprise « de très grande ampleur » des consommations en 2022 (+41,8 % par rapport à 2021) chez les enfants de 5 à 14 ans. La consommation d’antibiotiques est également plus élevée chez les femmes que chez les hommes dans la tranche d’âge de 15 à 64 ans.

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