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“Une politique de santé pensée avec et pour les territoires”

Par Agnès Firmin Le Bodo, Ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé

Face aux difficultés d’accès aux soins, les réponses doivent être pragmatiques, adaptées à la réalité du terrain et adoptées par les acteurs locaux. C’est le principal enseignement que je tire de cette première année au service des Français, à la tête de ce nouveau ministère délégué à l’Organisation territoriale et aux Professions de santé dont l’intitulé dit tout de notre ambition : une politique de santé pensée avec et pour les territoires, en s’appuyant sur celles et ceux qui nous soignent.

Le 6 janvier dernier, le président de la République a posé les jalons de cette refondation du système de santé, avec un objectif clair : lui insuffler un nouvel élan pour garantir l’accès à des soins de qualité partout sur le territoire tout en redonnant du sens aux métiers des soignants.

Le 10 juillet dernier, après plus de 100 déplacements partout sur le territoire, de nombreuses consultations avec les collectivités locales, les professionnels de santé, j’ai présenté un plan avec des solutions concrètes d’accès aux soins dans les territoires. L’objectif est très clair : permettre à tous les professionnels de santé de mieux s’organiser et consacrer plus de temps et d’énergie à pratiquer, dans le but d’augmenter l’offre de soins disponible pour nos concitoyens. Concrètement cela passe par le déploiement de 10 000 assistants médicaux pour libérer les médecins de tâches administratives qui les empêchent de voir de nouveaux patients, par la mise en service de 100 médicobus pour faire le dernier kilomètre jusqu’aux patients dans les territoires ruraux, par le regroupement des professionnels de santé d’un même territoire en association, les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), pour faciliter leur coordination au profit des patients, ou encore par les 4 000 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) qui répondront à l’envie d’exercer ensemble des soignants tout en créant de véritables équipes de soin autour des patients.

Les maisons de santé pluriprofessionnelles occupent une place centrale dans notre politique d’amélioration de l’accès aux soins dans les territoires. D’abord parce qu’elles sont clairement identifiées par nos concitoyens qui les voient bourgeonner partout en France. Ensuite, parce qu’elles améliorent la prise en charge en proposant des équipes de professionnels de santé regroupés autour d’un projet de santé commun, et se coordonnant au service des patients et de leurs besoins. Enfin, parce qu’elles permettent d’attirer de nouveaux soignants et d’augmenter le nombre de patients qu’ils suivent : une maison de santé ouverte, c’est en moyenne 600 patients supplémentaires vus chaque année ! Notre objectif est de doter la France de 4 000 maisons de santé pluriprofessionnelles d’ici 2027 pour lesquelles l’Etat investira 45 millions d’euros. Cette montée en charge sera rendue possible grâce à l’accompagnement personnalisé des porteurs de projet et au soutien des MSP en difficultés suite au départ de professionnels.

Les assistants médicaux seront eux précieux pour épauler les médecins généralistes ou spécialistes dans leur quotidien : aide à la consultation (prise des constantes, assistance à la réalisation d’actes techniques…), prise en charge de la gestion administrative du cabinet, suivi du dossier des patients et coordination de leur parcours de soin avec les autres professionnels de santé. Un assistant médical permet en moyenne de libérer une à deux consultations par jour et par professionnel, c’est pourquoi nous passerons de 4 000 à 10 000 assistants médicaux d’ici fin 2024, et cela au bénéfice des patients qui attendent des rendez-vous chez leur médecin. Pour cela nous allons engager avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie une grande campagne d’information pour faire connaitre le métier aux médecins et aux publics susceptibles de s’y former, avec un engagement de 65 millions d’euros en 2023 et 2024.

Pour leur part, les médicobus sillonneront les routes des territoires en manque de médecins, permettant d’assurer un accès pour tous, même à ceux vivant parfois plus retirés, à des soins de qualité. Lors du lancement du plan France Ruralité, c’est la Première ministre elle-même qui a annoncé le déploiement de 100 médicobus d’ici fin 2024. Pour y parvenir nous lançons à l’automne, en lien avec l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, et en partenariat avec les collectivités territoriales, un appel à projets au plus près des professionnels de santé. Ce sont près de 10 millions d’euros qui seront dédiés au subventionnement des projets sur l’ensemble du territoire.

Enfin, la généralisation du modèle des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) permettra d’apporter du liant au sein de l’écosystème de la santé au niveau local en créant de véritable associations ou réseaux de soignants, dont l’objet est d’assurer la santé des habitants de leur territoire. Ces CPTS permettent de meilleures conditions d’exercice pour les professionnels de santé, mais également la mise en place de protocoles qui systématisent par exemple les échanges entre professionnels en amont et en aval de l’hospitalisation de personnes âgées, ou encore des plages réservées aux consultations sans rendez-vous assurées à tour de rôle par les médecins généralistes du territoire. Elles ont vocation à être généralisées sur l’ensemble du territoire d’ici la fin de l’année 2023. J’ai lancé une mission « Tour de France des CPTS » au printemps dernier dont les conclusions ont permis un plan d’actions articulé autour de l’amorçage des CPTS, l’évaluation de leur impact, la couverture de toutes les zones blanches, l’accompagnement des CPTS pour la réalisation de leur mission et la consolidation de leur gestion.

Au regard du manque de professionnels de santé qui va nous impacter encore pendant plusieurs années, nous nous devons d’actionner tous les leviers à notre disposition pour offrir à tous les Français un accès aux soins digne. D’ici la fin du quinquennat, les mesures que j’ai évoquées permettront à plus de 2 millions de Français supplémentaires d’avoir accès à un médecin sur l’ensemble du territoire.

Nous n’avons d’autre choix que de relever les défis qui nous attendent ces prochaines années, et après avoir réalisé plus d’une centaine de déplacements aux côtés des femmes et des hommes qui font notre système de santé, j’ai une pleine confiance en notre capacité à réussir. Je serai avec vous pour y parvenir. 

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